Le colonel Goïta, nouveau maître de Bamako, a tenté de rassurer et d'offrir des garanties à la communauté internationale quant au respect des délais de la transition et du calendrier électoral. Le colonel Assimi Goïta, qui a prêté serment hier en qualité de "Président de la transition" au Mali, a assuré que son pays respecterait tous ses engagements envers la communauté internationale, notamment la tenue des élections générales pour 2022, censées rendre le pouvoir à des civils élus, comme l'exigent les institutions internationales, les grandes capitales occidentales et les pays voisins. Le colonel Goïta a dit sa volonté d'organiser "des élections crédibles, justes, transparentes aux échéances prévues", c'est-à-dire février 2022. "Je voudrais rassurer les organisations sous-régionales, régionales et la communauté internationale en général que le Mali va honorer l'ensemble de ses engagements pour et dans l'intérêt supérieur de la nation", a-t-il dit au Centre international de conférence de Bamako (CICB) devant un parterre d'officiels civils et militaires, gardés par des hommes en tenue de camouflage. Lors d'un discours qui était très attendu pour clarifier la durée de la transition et le maintien du calendrier électoral, le désormais Président de la transition a dit en particulier sa volonté d'organiser "des élections crédibles, justes, transparentes aux échéances prévues". Les militaires s'étaient engagés après un premier putsch le 18 août 2020 à organiser des élections présidentielle et législatives le 27 février 2022. Mais cet engagement avait cependant été mis en doute par un nouveau putsch le 24 mai dernier quand le colonel Goïta avait fait arrêter le président et le Premier ministre. Après ce double coup de force, la France a décidé de suspendre les opérations militaires conjointes avec les forces maliennes contre les jihadistes, dans l'attente de "garanties" de la part des colonels. La Cédéao, suivie par l'Union africaine et l'Organisation de la francophonie, a suspendu le Mali de ses institutions. Elle a exigé la nomination "immédiate d'un Premier ministre civil", a affirmé la nécessité que la période de transition reste limitée à 18 mois et exigé que la date de la présidentielle soit maintenue au 27 février 2022. L'investiture du colonel Goïta a été suivie de la nomination d'un Premier ministre, en la personne de Choguel Maïga, président du Comité stratégique du M5. À présent les regards sont tournés vers le sort qu'il va réserver à l'Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Car, le désormais Premier ministre, Choguel Maïga qui est, pour sa part, connu pour son aversion contre l'application en l'état de l'Accord issu du processus d'Alger, signé en 2015 par le gouvernement malien et les ex-rebelles du nord, a plaidé pour qu'il soit révisé en vue de l'adapter aux "intérêts supérieurs du peuple". En effet, bien qu'il consacre l'unité territoriale du Mali, prévoit l'intégration des éléments de l'ex-rébellion dans l'armée malienne, et prépare le retour des services publics dans le nord du pays, Choguel Maiga reste convaincu que cet accord porte en lui "la partition" du pays. Ce qui a, d'ailleurs, amené la CMA à demander des gages avant d'accompagner la transition. Avant sa nomination, il a bien tenté, à ce titre, de rassurer dès vendredi en promettant que son pays tiendrait ses engagements internationaux. Mais, dit-il, "nous respecterons nos engagements internationaux qui ne sont pas contraires aux intérêts fondamentaux du peuple malien", avant d'ajouter qu'"il n'y a pas d'engagements internationaux connus de tous qui soient fondamentalement contre les intérêts du Mali." Le président de la transition tiendra-il pour autant ses engagements vis-à-vis de l'Accord d'Alger ?