Résumé : Norredine voulait comprendre ce qui était arrivé à son frère pour rejoindre le groupe armé. Comme les jeunes de son âge, il avait d'autres rêves d'aventures, d'amour et de réussite. En parcourant les poèmes et les pensées qu'il avait écrits, il découvrit qu'ils ne s'étaient pas trompés sur son compte. Djamel regrettait et avait des remords. En plus des autres preuves et des témoignages, l'avocat pourra utiliser ses confidences lorsqu'il le défendra. -Mais où vas-tu comme ça ?, demanda Meriem en le voyant remettre sa jacket. Tu devrais éviter de sortir seul. Norredine refusa, il mit les cahiers dans un vieux sac à dos de son frère. -Il faut que l'avocat les voie aujourd'hui. Il faut qu'il les lise ! C'est important, Djamel a livré le fond de son cœur, il n'a rien d'un monstre. Ce n'est pas un terroriste. -Je le sais, Norredine, cela peut attendre demain. Je n'aime pas l'idée que tu sortes seul. -N'aie pas peur, il ne m'arrivera rien. Je ne traînerais pas, promit-il. Je vais prendre un taxi. -Dis-lui de t'attendre. Rentre vite. Norredine le lui promit. Il comprenait ses peurs. Il arrêta un taxi et lui donna l'adresse de l'avocat qu'il ne trouva pas au bureau. Il confia les cahiers de son frère à la secrétaire. -Il va revenir ? -Oui, là, il est parti à la cour, mais il repassera plus tard. S'il tarde, je les laisserais bien en vue, sur son bureau, dit-elle. Ne vous en faites pas. En plus de l'amitié qui le lie à votre père, le cas de votre frère lui tient à cœur. -Je reviendrai demain après-midi. -Vous serez le bienvenue. Norredine la remercia. Comme promis à sa mère, il rentra à la maison dans le même taxi dans lequel il était venu. Il ne perdit pas de temps. Une fois qu'il eut déjeuné, il vérifia les documents de son père. Son passeport et son visa étaient encore valables. Même ceux de sa mère et de ses sœurs. Un vrai coup de chance, à un moment où les ambassades donnaient les visas au compte-gouttes. Avant que les terroristes ne les réduisent à rien, sa famille avait mené un train de vie enviable. Leur père les avait souvent emmenés en Tunisie, en Espagne, en France et en Angleterre. Le cœur serré, il se rappela que leur maison grouillait de monde. Les visites familiales et les amis... Mais depuis qu'ils vivaient dans la misère, plus personne ne prenait de leurs nouvelles. C'était ce qu'il avait compris. Même les parents les plus proches les avaient déçus au moment où ils avaient besoin de leur soutien. La chute brutale, en passant de riches à pauvres, endettés jusqu'au cou, avait poussé Djamel à travailler. Si au début, il avait de bonnes intentions, en devenant leur soutien financier, il s'était retrouvé impliqué dans un groupe armé, terroriste islamique, avec ceux-là même qui s'en étaient pris à leur famille. "Ils ont brisé mon père, détruit l'avenir de Djamel... Si son cas tombe entre les mains d'un juge sévère, lui-même touché par la perte d'un être cher, par ces monstres, il le payera cher, et pour les autres ! Il avait un bel avenir, devant lui. Pourquoi cela nous arrive ?" Meriem le vit soupirer et se masser les tempes. Son front plissé et les sourcils froncés révélaient combien il était inquiet pour eux. -Ne te rends pas malade pour quelque chose que tu n'as pas faite, lui dit-elle. Inchallah que la justice sera de notre côté. -Je le souhaite de tout cœur. Demain, nous en saurons plus. Maître B prit le temps de lire quelques poèmes et les confidences de Djamel. -Ce jeune garçon n'a rien d'un criminel, dit-il à sa secrétaire avant de lui demander de joindre le juge d'instruction du tribunal militaire de Blida. Essayez d'avoir son nom. Peut-être que je le connais ? Je dois lui parler et avoir une autorisation pour voir ce petit. En dehors du fait que je connaisse son père, son cas m'interpelle. Sa place n'est pas en prison. Passez-moi le rapidement, je voudrais savoir où en est l'enquête. J'espère qu'il va vite ajouter ces nouveaux éléments dans le dossier de Djamel, car ils changeront complètement la donne.
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