#stop_galoufa_en_algérie, derrière ce hashtag devenu viral ces derniers temps, une première campagne virtuelle citoyenne pour dénoncer la mise à mort systématique des chats et des chiens... Etymologiquement, la "galoufa" trouve son origine dans le nom déformé par le langage populaire du premier capteur de chiens à Alger, pendant la période coloniale, en l'occurrence un certain Garufa, un Français d'origine espagnole. Littéralement, elle désigne la fourrière où sont placés les chiens et les chats avant d'être abattus. Ainsi, c'est une véritable levée de boucliers qui a accompagné ce mouvement citoyen appelant à l'arrêt de la galoufa et au respect des droits des animaux. Des commentaires indignés, des posts de condamnation et des vidéos dénonçant les conditions existant dans la fourrière d'Alger, gérée par un Epic, sont quotidiennement publiés sur les réseaux sociaux soulevant la colère des Algériens qui ne se reconnaissent pas dans ces exécutions d'animaux. L'une des porte-voix et initiatrice de ce mouvement est la vétérinaire Badra Bachène, qui explique que derrière ce hashtag, c'est une volonté d'informer le plus grand nombre possible sur ce qui se passe en Algérie. "Il est très important pour nous que tout le monde sache ce qui se passe dans cette galoufa", précise-t-elle d'emblée en n'hésitant pas à qualifier les conditions de vie de cet endroit d'"infernales" et de "catastrophiques". Mme Bachène n'a pas de mots assez durs pour décrire ces pratiques d'un autre âge, affirmant que cet Epic, en plus de capturer les chiens et chats errants, n'épargne ni les femelles gestantes ou allaitantes ni les chiots et les chatons, ce qui, selon elle, est contraire à la réglementation. "Même les chiens et les chats vaccinés et identifiés par collier ou par implantation d'une puce électronique ne sont pas à l'abri de ces gens", regrette notre interlocutrice qui rappelle avoir vu "des cadavres de chiens portant encore leurs colliers". Elle ajoute avoir "sauvé, de l'intérieur même de la galoufa, des chiens de race qui avaient encore leurs colliers". La vétérinaire évoque également le cas d'animaux qui ont subi des caudectomies (écourtage ou ablation de la queue) ou des otectomies (coupe d'une partie des oreilles d'un animal) qui sont capturés et parle ouvertement, dans ces cas, de transgression des droits des citoyens. "Ces opérations esthétiques coûtent cher, preuve que ces animaux appartiennent à leurs propriétaires, alors, pourquoi les capture-t-on ?" s'interroge-t-elle. Pour elle, c'est juste une question de profit pour l'Epic en question "puisque lorsqu'il y a dépassement du seuil des captures, ils ont probablement droit à des primes". Après la capture des animaux, c'est le chemin de croix pour récupérer son chien ou son chat de cette fourrière. "Même si c'est ton chien où ton chat, on ne te laisse pas entrer, et quand tu arrives à t'introduire, il faut payer le séjour de l'animal pour pouvoir le reprendre", explique-t-elle, s'attardant sur les conditions d'accueil dans la galoufa.
"Les droits des citoyens transgressés" "Les animaux sont rarement nourris et abreuvés, entassés qu'ils sont dans des cages directement à même le ciment. Ils sont nettoyés dans la cage à jet d'eau froide, quelle que soit la saison." Le combat de Badra Bachène a débuté en 2017. "Je n'y croyais pas jusqu'au jour où j'ai constaté de visu ce qui se passait là-bas", se souvient-elle, mais les conditions n'ont guère évolué depuis. Nonobstant le sauvetage de quelque 80 chiens en deux semaines par des méthodes détournées, reconnaît notre interlocutrice, "ce qui se passe est très grave. Les animaux capturés sont abattus au bout de 48 heures sans nous donner le temps d'intervenir". Et ce sont encore les conditions d'abattage qui révulsent les internautes qui découvrent avec effroi des photos et des vidéos sur les pratiques qui s'y déroulent. "Les animaux, chats et chiens mélangés dans des cages, sont arrosés puis électrocutés", raconte, d'une voix chevrotante, la vétérinaire qui s'indigne aussi de la façon dont ces animaux sont traités après leur mort. "Dans un premier temps, ils étaientbrûlés à l'intérieur de la fourrière canine jusqu'à ce que le voisinage dépose plainte à cause des émanations dégagées. Ensuite, ils étaient tout simplement jetés au milieu des ordures avant que je n'intervienne et ne fasse un esclandre", se désole-t-elle. Depuis 2020, "ils ont commencé à enterrer les cadavres des animaux", assure-t-elle. Quant aux chiens abattus par balle à l'intérieur du tissu urbain par les associations de chasseurs réquisitionnées par les autorités locales, elle affirme que des animaux blessés étaient enterrés vivants. Son autre coup de gueule concerne les chiens placés par réquisition de la justice à la fourrière jusqu'à la fin des ennuis judiciaires de leurs propriétaires. "Pourquoi le chien doit-il payer pour son propriétaire alors qu'il ne pourra pas survivre dans cette galoufa dans les conditions actuelles ?" s'interroge-t-elle en prenant en exemple le cas de ce dogue allemand de 80 kg qui a été placé à la fourrière avant d'être abattu, alors qu'il ne pesait que 7 kg. Comme dans la capitale, des groupes citoyens militent pour les droits de ces animaux errants comme c'est le cas de l'association de protection de l'environnement et de l'animal "Au bonheur des quatre pattes" à Oran. Sa présidente, Nassima Tehami, soutient cette campagne qu'elle trouve "excellente" appelant à ce que tout le monde s'implique dans ce combat. L'association, qui vient de transférer son refuge de Misserghine à Tafraoui, veut soumettre ses solutions au problème de ces galoufas aux autorités locales. "On a sollicité la direction de l'environnement pour une réunion en présence des responsables sanitaires et administratifs de la wilaya d'Oran pour discuter et les mettre au courant des solutions qu'on préconise", déclare Mme Tehami. Parmi ces dernières, elle évoque la "création des refuges, l'aide à la capture des animaux errants puisqu'il n'existe à Oran qu'un camion dévolu à cet usage, ainsi que la présence massive de vétérinaires pour stériliser et vacciner gratuitement les animaux au lieu de payer 15 000 DA par chien". Par : SAID OUSSAD