Les forces françaises essuient, avec l'attaque d'hier, le second attentat contre leurs soldats depuis l'annonce de la fin de l'opération militaire au Mali depuis 2014. Une attaque à la voiture piégée a visé hier les forces de l'opération Barkhane, dans le quartier de Kaigourou, à Gossi, dans le centre du Mali, causant des blessés parmi les soldats de la force antiterroriste française au Sahel, ont indiqué des responsables locaux cités par les agences. Un responsable militaire malien et un élu local s'exprimant sous le couvert de l'anonymat ont fait état de trois soldats français blessés, évacués par hélicoptère vers la base de Barkhane, à Gao. Aucune confirmation officielle n'a été obtenue de l'état-major français dans un premier temps. L'explosion a été attribuée à un véhicule piégé par des sources familières avec les circonstances de l'attaque. Samedi dernier, la force Takuba (les forces spéciales franco-européennes) avaient elles-mêmes été ciblées, puisque l'unité tchèque a été également ciblée par un engin explosif improvisé à Ménaka. Cette attaque intervient quelques jours après l'annonce, par le président français Emmanuel Macron, de la fin imminente de la mission de Barkhane. La fin de l'opération annoncée par Macron, après huit ans d'engagement, montre un échec militaire pour cette force, estiment les observateurs, qui soulignent qu'en dépit du lourd tribut payé par la France qui a perdu 50 soldats depuis 2014, elle n'a pu endiguer l'avancée des groupes armés dans le Sahel. Et si ce retrait avait été prémédité depuis le dernier sommet du G5 Sahel tenu à N'Djamena, le coup d'Etat opéré par la junte militaire au Mali, qui aurait conclu des accords avec des groupes rebelles, a fini par précipiter la fin de l'engagement militaire français auprès des Etats de la région dans la lutte antiterroriste. Cela survient aussi dans un contexte où le gouvernement de transition s'attelle à organiser dans les délais l'élection présidentielle devant permettre de remettre le pouvoir à un président civil. Dans ce sillage, le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, a instruit le gouvernement pour l'organisation d'élections crédibles et transparentes aux échéances prévues, c'est-à-dire en février pour la présidentielle et les législatives, a rapporté hier la presse malienne. Pour leur part, les dirigeants de la Cédéao, réunis en sommet à Accra, au Ghana, samedi, ont salué les progrès réalisés par les autorités de la transition au Mali. Selon le rapport du médiateur Goodluck Jonathan, "il y a une évolution positive, et qui reste encourageante". "Un Premier ministre civil a été nommé, conformément à la décision des chefs d'Etat. Un gouvernement a été nommé et installé", précise aux médias Jean-Claude Kassi Brou, président de la Commission de l'institution sous-régionale, qui a participé aux travaux. À Accra, le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des pays membres de la Cédéao ont passé en revue le processus de sortie de la crise institutionnelle, qui a valu au Mali une série de sanctions internationales.