La décision avait été évoquée à plusieurs reprises, depuis plusieurs mois déjà et notamment lors du sommet de Pau. La France qui a dû faire face à des critiques acerbes sur une série de bavures de la force Barkhane au Mali, notamment et dont l'action contre la menace terroriste permanente au Sahel s'avère peu efficace agitait la carte d'un retrait graduel après plus de huit ans d'engagement massif, depuis l'opération Serval. Le président Emmanuel Macron a donc annoncé jeudi la réduction de la présence militaire française au Sahel, assortie d'une fermeture de bases et d'un redéploiement de la lutte antiterroriste au sein d'une «alliance internationale» qui inclurait des forces européennes, comme c'est déjà le cas avec Takuba. Parce qu'attendue, la décision ne peut être jugée «fracassante», et elle obéit à un ensemble de paramètres dont le récent coup de force au Mali, porteur d'une montée en puissance de l'islamisme, selon Paris, le coup de force intervenu auparavant au Tchad où le fils de Idriss Déby a pris les commandes au lendemain de la mort de son père grièvement blessé dans les combats avec les rebelles et plusieurs autres facteurs qui ont achevé de crisper la relation de la force française avec les pays sahéliens concernés. Surtout, le facteur financier a eu un impact déterminant, Paris ayant sollicité en vain le Conseil de sécurité de l'ONU pour une prise en charge des dépenses par l'instance onusienne en charge des opérations de maintien de la paix.«Nous allons amorcer une transformation profonde de notre présence militaire au Sahel», a ainsi déclaré le président français, au cours d'une conférence de presse, laissant entendre par-là même une importante réduction des 5.100 soldats déployés dans le cadre de la force française Barkhane. Cette déclaration signifie, sans nul doute, une fin prochaine de l'opération Barkhane et donc de l'intervention extérieure de la France dans un Sahel plus tributaire que jamais de la menace terroriste devenue endémique. Pour Macron, devrait se substituer à Barkhane une «alliance internationale associant les Etats de la région et tous nos partenaires, strictement concentrée sur la lutte contre le terrorisme». Sans fournir des indications chiffrées de ce désengagement, le président français a laissé entendre que le prochain objectif sera de combattre les groupes terroristes sans pour autant chercher à sécuriser un territoire immense où les mouvements extrémistes se meuvent et prolifèrent comme des poissons dans l'eau. Des sources sécuritaires françaises ont cependant évoqué des effectifs pour 2023 autour de quelque 2500 soldats, «une présence significative» au regard de l'Elysée dont il apparaît qu'il souhaite un retrait du Mali avant la fin de l'année en cours. Voici plusieurs mois, déjà, que le président Macron avait laissé entendre que la force européenne Takuba sera appelée à réunir et conjuguer tous les efforts nationaux et internationaux, mais de nombreuses questions restent pendantes sur le degré d'efficience de cette force et sur les capacités des armées locales, mal équipées et insuffisamment entraînées, pour contribuer à l'effort de guerre que les groupes terroristes imposent à l'ensemble de la région sahélienne. Toujours est-il que la mort de Idriss Déby Itno, l'allié inconditionnel, et la relative clémence de la Cédéao à l'égard du coup de force au Mali ont eu raison des dernières hésitations du président français, désormais préoccupé par le rendez-vous électoral de 2022.