La Turquie a rejeté le qualificatif de mercenaires de ses conseillers militaires présents dans ce pays. Mais son chef de la diplomatie qui évoquait samedi dernier le sujet a ignoré le cas de milliers de Syriens déplacés par son pays pour défendre Tripoli. Le secrétaire d'Etat adjoint américain aux affaires du Proche-Orient, Joey Hood, a fait savoir que "Washington a entamé récemment des contacts avec la Turquie" au sujet de la présence de ses forces dans ce pays. "Nous avons opté sciemment pour la diplomatie discrète avec nos partenaires (Turquie), car nous pensons que ne pouvons réaliser davantage de résultats à travers cette méthode", a souligné M. Hood. "La méthode discrète n'est peut-être pas la mieux indiquée du point de vue médiatique, mais elle nous a permis d'ores et déjà de réaliser d'importants résultats", a ajouté M. Hood, cité samedi dernier par des médias libyens. Le diplomate américain note que "les Etats-Unis ne se soucient pas uniquement de la situation humanitaire en Libye, mais ils cherchent aussi à s'assurer du fait que la Libye ne soit pas une source de déstabilisation", soulignant que "ce qui s'est passé récemment au Tchad est inquiétant à plus d'un titre". "La présence des mercenaires étrangers en Libye est une source d'inquiétude qui ne garantit pas le règlement politique de la crise en Libye", a noté M. Hood, ajoutant que "c'est le retrait total des mercenaires étrangers qui permettra aux autorités libyennes de procéder à la réunification de l'institution militaire". Il affirme que "les autorités libyennes auront, une fois les mercenaires étrangers retirés, la latitude de choisir des partenaires pour développer leurs services de sécurité". Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a, pour rappel, demandé mercredi dernier, peu avant le début des travaux de la deuxième conférence de Berlin, le retrait des forces étrangères de Libye. "L'accord de cessez-le-feu du 23 octobre doit être pleinement mis en œuvre, y compris par le retrait de toutes les forces étrangères de Libye", a déclaré M. Blinken lors d'une conférence de presse conjointe à Berlin avec son homologue allemand, Heiko Maas. "Nous partageons (avec l'Allemagne) l'objectif d'une Libye souveraine, stable, unifiée et sûre, libre de toute ingérence étrangère, c'est ce que le peuple mérite, et c'est essentiel pour la sécurité régionale", a-t-il ajouté. Le retrait des mercenaires étrangers de la Libye a été l'un des points sur lesquels les participants à la conférence de Berlin 2 se sont entendus. "Toutes les forces étrangères et tous les mercenaires doivent être retirés de Libye sans délai", souligne le document final sanctionnant les travaux de la conférence de Berlin 2. Selon l'ONU, il y avait jusqu'au mois de décembre 2020 quelque 20 000 entre mercenaires et forces étrangères en Libye. Cependant, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères de la Turquie a affirmé, samedi dernier, que "son pays a refusé catégoriquement, lors de la conférence de Berlin 2 sur la Libye, le qualificatif de mercenaires pour désigner les forces, les encadreurs et conseillers militaires turcs présents en Libye", soulignant qu'"il n'y a pas lieu de faire la comparaison entre les forces turques et les autres mercenaires", a rapporté l'agence de presse turque Anadolu. "Nous avons rejeté catégoriquement le qualificatif de mercenaires utilisé pour désigner les forces, les encadreurs et conseillers militaires turcs présents en Libye", a indiqué M. Tandjo Belgitch lors d'une conférence de presse tenue à Ankara, affirmant que son pays "a exprimé des réserves quant à la recommandation de la conférence de Berlin 2 relative au départ des forces turques". R. I./APS