Le marché pétrolier se tourne de nouveau vers l'Opep+ qui se réunira jeudi prochain, afin de statuer sur son niveau de production à compter du mois d'août. Selon les analystes, l'Opep+ pourrait augmenter sa production à l'occasion. Les producteurs pourraient décider d'augmenter leur production de 550 000 barils par jour en août, selon une enquête de Bloomberg, mais c'est à peine un quart du déficit mondial que l'Opep+ anticipe au cours du mois. L'Arabie saoudite, premier producteur de l'Opep, a, jusqu'à présent, procédé avec prudence, en raison surtout de la persistance de la Covid-19 et d'une possible restauration de l'offre iranienne. "Avec les incertitudes virales dues à la souche Delta hautement contagieuse et les questions sur un accord nucléaire iranien qui pèsent sur le marché, le groupe peut opter pour la prudence", a déclaré Ole Hansen, responsable de la stratégie des matières premières chez Saxo Bank A/S, cité par les agences de presse. Néanmoins, de nombreux indices plaident pour un assouplissement des réductions. D'abord, l'accélération de la reprise de la demande pétrolière au cours de la deuxième partie de l'année. Dans son dernier rapport mensuel, l'Opep a confirmé ses prévisions pour cette année d'un rebond de 6 millions de barils par jour de la demande mondiale. Pendant ce temps, la surabondance de brut stocké en mer, qui s'est accumulée pendant la pandémie, continue de diminuer. Le stock a chuté de 17% la semaine dernière. Par ailleurs, les pourparlers sur le programme nucléaire iranien n'ont pas encore permis de rapprocher les positions. Ce qui rend peu probable que les Etats-Unis lèvent les sanctions contre l'Iran dans un avenir proche, retardant ainsi l'arrivée du pétrole iranien sur le marché. Comme à chaque réunion, la Russie, chef de file des ralliés à l'Opep, va probablement peser de tout son poids pour augmenter la production de pétrole et profiter de la manne d'un cours en hausse. Mais pour y arriver, il faudra convaincre l'autre ténor du groupe, à savoir l'Arabie saoudite. Pour certains analystes, le dilemme de l'Opep+ pour la réunion de jeudi prochain, reste le même : céder à la tentation de 75 dollars le baril de pétrole pour leurs revenus budgétaires et maintenir le marché serré, ou assouplir les coupes plus agressivement, afin de ne pas devenir la raison pour laquelle le schiste américain pourrait briser la discipline exemplaire sur les dépenses et rétablir une plus grande part de la production plus tôt que prévu. En attendant cette réunion de jeudi, les prix du brut continuent leur envolée. Dans la matinée d'hier, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août a touché les 76,18 dollars à Londres. À New York, le baril de WTI pour le même mois a atteint les 74,11 dollars. Le Brent et le WTI ont touché en cours de séance asiatique 76,60 dollars et 74,45 dollars, une première depuis le mois d'octobre 2018. Le cours de l'or noir progresse de plus de 50% depuis le début de l'année et la perspective reste haussière avec la reprise économique qui se poursuit, même si certains risques demeurent à court terme. Saïd Smati