L'ancien secrétaire général du ministère des Affaires étrangères estime qu'il appartient à la société civile et aux partis politiques de répondre dans leurs programmes aux attentes et aux aspirations du Hirak. L'ancien diplomate Abdelhamid Senouci-Bereksi a longuement insisté sur les défis, internes et externes, que doit relever l'Algérie pour sortir de la crise multidimensionnelle. C'est à cela qu'il s'est attelé, samedi dernier, lors de son passage au Café littéraire de Tichy, qui avait pour thème : "L'Algérie face à ses défis". Mais avant de les décliner, l'ancien secrétaire général du ministère des Affaires étrangères a insisté sur l'importance de la citoyenneté. Occasion pour lui de s'interroger : "Si nous sommes 44 millions, combien sommes-nous pour autant à être des citoyens ?" "La raison ? C'est que le sentiment citoyen n'est pas tellement ancré", regrette-t-il. Le mot citoyen, explique-t-il, "est extrêmement lourd, profond. C'est l'habitant d'une cité qui respecte l'hygiène, l'environnement, son voisin". C'est la raison pour laquelle Senouci-Bereksi s'est réjoui de l'avènement du Hirak, la vox populi – la voix du peuple, qu'il considère comme "une chance pour le pays". Et étant donné que c'est la voix du peuple, son organisation peut conduire à sa division, voire à sa disparition, prévient-il. Il appartient donc à la société civile et aux partis politiques de répondre dans leurs programmes aux attentes et aspirations de la vox populi. C'est en ce sens que le conférencier considère que la vox populi peut trouver ses marques à travers l'adhésion ou le rejet des partis politiques. Il considère, en outre, que "le Hirak est un ensemble de visions politiques où se retrouvent les grandes aspirations du peuple. Il appartient à la société civile et aux partis politiques de traduire dans leur programme les aspirations de la vox populi". "En conséquence, c'est à travers le vote que le peuple algérien peut choisir librement ses représentants. À ce titre, il doit être entendu et sa voix traduite dans leurs programmes." Le conférencier plaide, à ce propos, pour la création de nouvelles formations politiques. Les dernières élections ont démontré le rejet de certaines formations politiques. Parmi les défis internes à relever, le conférencier a insisté sur le rétablissement de la confiance ; le confortement des valeurs de dialogue et de démocratie ; le respect des droits de l'Homme. "Il faut, en outre, ajoute-t-il, revivifier la citoyenneté ; restaurer l'autorité de l'Etat." Et appelle de ses vœux pour "l'indépendance de la justice ; la neutralité de l'administration ; la mise en place d'un programme national du numérique ; et la lutte contre la corruption". Autres défis, qualifiés de majeurs, "l'éducation. Nous avons besoin d'une réflexion profonde portant sur plusieurs secteurs : la diversité culturelle et linguistique ; l'environnement ; l'économie ; faire face aux crises hydrique et sanitaire ; la Défense nationale et les Affaires étrangères". S'agissant des défis externes, il dira qu'ils sont "une réalité : le terrorisme, la drogue, etc.", avant de prévenir : "Les difficultés internes ne doivent pas servir de prétexte ou d'excuse pour des interventions étrangères." Il déclare que "le front intérieur est le rempart le plus solide" pour faire face notamment au terrorisme et au trafic de drogue. "C'est avec un front uni que l'on peut y faire face. Et le Hirak a uni les Algériens." Et c'est lui qui sera demain assurément le rempart d'autant que "la paix et la résistance sont dans les gènes des Algériens". Il n'a pas manqué de rappeler avec insistance les principes qui ont sous-tendu la diplomatie algérienne depuis les Aguellids, les rois berbères. Il s'est dit enfin "favorable à un enrichissement de la réflexion sur l'intérêt national pour faire face à tous ces défis". Durant le café littéraire où certains voulaient tout politiser, il a dit : "Quand la JSK joue en Algérie, c'est normal que la Kabylie la soutienne. Quand la JSK joue à l'étranger, il est du devoir de toute l'Algérie de la soutenir."