Il faut rappeler qu'il n'existe aucune loi ou directive de l'Etat algérien qui interdit à un sportif algérien de croiser le fer avec un athlète israélien. Coup d'éclat avant même l'entame des jeux Olympiques de Tokyo au sein de la délégation algérienne, le judoka Fethi Nourredine a déclaré forfait. La raison n'a rien à avoir avec une éventuelle blessure ou une quelconque mésentente avec son entraîneur Benyekhlef, mais elle a trait au fait qu'il doit en découdre lors du second tour avec un athlète israélien. "Ma position est claire quant à l'Etat sioniste. Je ne peux pas combatte contre un adversaire de ce pays, ce qui correspondrait à une reconnaissance implicite de ma part. Je suis pour la cause palestinienne et cela ne changera pas. C'est pour moi un choix évident de renoncer au combat et personne ne peut le changer", explique-t-il à partir de Tokyo, où il est déjà pourtant à pied d'œuvre. Et d'ajouter : "Je n'ai pas eu de chance pour le tirage au sort. J'aurais aimé défendre mes chances le plus loin possible dans la compétition. J'ai travaillé très dur pour arriver à ce stade de la compétition mais, que voulez-vous, c'est plus fort que moi. J'espère revenir plus fort à l'avenir." Même son de cloche chez son entraîneur, Amar Benyekhlef, qui "comprend" la décision de son poulain et la "soutient". En revanche, c'est pour le moment le silence radio au sein du Comité olympique algérien et du ministère de la Jeunesse et des Sports. Officiellement, le forfait de Fethi Nouredinne n'a rien à avoir avec le duel prévu avec l'athlète israélien, puisqu'il doit d'abord rencontrer lors du premier tour un adversaire soudanais, qui gagne du coup par forfait pour sa première sortie. Fethi Nourredine, en concertation sans doute avec les responsables algériens, a préféré se retirer avant le coup d'envoi des JO pour ne pas éveiller les soupçons du Comité olympique international, mais il n'est pas exclu que ce dernier ouvre une enquête contre la délégation algérienne. Il faut rappeler à ce titre qu'il n'existe en fait aucune loi ou directive de l'Etat algérien qui interdit à un sportif algérien de croiser le fer avec un athlète israélien. Toutes les décisions prises par des athlètes algériens (forfait) ont été faites à titre individuel de peur de la réaction de la rue. Le débat a été du reste tranché en 2012 à l'occasion des jeux Olympiques de Londres. Le président du Comité olympique algérien de l'époque, Rachid Hanifi, avait déclaré ouvertement dans le cas de duels algéro-israliens que les athlètes algériens ne déclareront pas forfait. Il faut rappeler à ce titre qu'en 2012 l'Algérie était déjà dans l'œil du cyclone du Comité olympique international (CIO) en raison justement de cette fâcheuse tendance des athlètes algériens à déclarer forfait contre les athlètes israéliens pour des raisons politiques, alors que l'Algérie a bel et bien signé la charte olympique. La charte considère en effet que "refuser de participer à un événement olympique à cause de la religion ou de la nationalité d'un autre athlète n'est pas seulement un comportement antisportif, mais une violation grave du code éthique du Comité international olympique et des principes de la charte olympique et le serment des athlètes". La CIO avait même menacé l'Algérie de sanctions, voire d'exclusion. Cependant, il appartenait bien sûr aux instances sportives nationales d'expliquer la position des autorités à ce sujet bien avant le départ du contingent algérien à Tokyo. L'éventualité d'un duel avec un athlète israélien était tout à fait plausible. Le comité olympique ne pouvait pas ignorer cette donne importante. Comment se fait-il dès lors qu'on laisse un athlète algérien se préparer pour ainsi dire pour rien ? La problématique de ces confrontations contre les sportifs israéliens va encore durer, d'où l'urgence d'une solution... sportive. SAMIR LAMARI