L'expert indépendant a alerté sur la multiplication des attaques perpétrées dans le cadre de "'esclavage par ascendance" et "l'inaction" des autorités maliennes face à ce phénomène. L'expert indépendant des Nations unies sur la situation des droits de l'homme au Mali, M. Alioune Tine, effectuera, à partir d'aujourd'hui et jusqu'au 5 août, une visite officielle dans le pays, a annoncé l'ONU dans un communiqué. "Des inquiétudes se manifestent de plus en plus sur les violations des droits humains au Mali. J'apprécie donc l'opportunité d'obtenir des informations de première main sur la situation", a déclaré l'expert indépendant cité par le communiqué. "Je vais discuter avec les autorités maliennes sur les voies et moyens d'améliorer la situation ensemble et avec le soutien d'acteurs nationaux et internationaux", a ajouté Alioune Tine. "Il y a eu une augmentation des atteintes aux droits de l'homme commises par des groupes armés, y compris une forte augmentation des enlèvements, principalement par des groupes armés communautaires et des milices dans le centre du pays", a-t-il déploré. Et de poursuivre : "Il y a également eu une augmentation des violations commises par les acteurs étatiques, en particulier les forces de défense et de sécurité maliennes". L'expert indépendant sur la situation des droits de l'homme au Mali a rappelé que "les groupes extrémistes violents, déjà actifs dans le nord et le centre, s'étendent dans les régions du sud, tuant et enlevant des personnes. Ils imposent également des taxes illégales, collectant les aumônes (zakat) par la force". Lundi dernier, l'expert indépendant de l'ONU sur la situation des droits de l'homme au Mali et le rapporteur spécial des Nations unies pour les formes contemporaines d'esclavage Tomoya Obokata avaient alerté sur la multiplication des attaques perpétrées dans le cadre de "l'esclavage par ascendance" et "l'inaction" des autorités maliennes face à ce phénomène. "Les attaques constantes et systématiques contre les personnes considérées comme esclaves sont inacceptables et doivent cesser immédiatement", a déclaré Alioune Tine. "De telles attaques vicieuses sont incompatibles avec une société inclusive et nous les condamnons dans les termes les plus fort", a, pour sa part, déclaré Tomoya Obokata, le rapporteur spécial des Nations unies sur les formes contemporaines d'esclavage. Les deux experts onusiens réagissaient à un incident survenu le 4 juillet lorsque des habitants du village de Makhadougou, dans la région orientale de Kayes, ont tenté d'empêcher des personnes qu'ils considéraient comme des esclaves de travailler dans leurs champs. "L'augmentation spectaculaire des attaques cette année montre l'incapacité flagrante du gouvernement à protéger sa population, en particulier celle qui souffre déjà le plus de discrimination et de violence", ont déploré les experts onusiens. Dans une déclaration publiée en septembre 2020, MM. Obokata et Tine ont condamné des "actes barbares et criminels" similaires et ont appelé le Mali à mettre fin à l'esclavage une fois pour toutes. Ils ont appelé à "une enquête rapide, transparente, impartiale et approfondie" sur les attaques dans la région de Kayes. Au cours de sa mission à Bamako et dans le reste du pays, Tine rencontrera les autorités maliennes, la société civile et les associations de victimes, les organisations non-gouvernementales, le corps diplomatique et les Nations unies. Enfin, Tine présentera un rapport complet de sa visite au Conseil des droits de l'homme en mars 2022. Les experts indépendants font partie de ce qu'on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme. Ils travaillent bénévolement, sont indépendants de tout gouvernement ou de toute organisation et exercent leurs fonctions à titre individuel. A. R.