Ce sont donc 96% des malades dont la vie dépend de l'oxygène, ce produit qui se raréfie et qui ne cesse de donner lieu à des tensions et à des inquiétudes pour les malades et leurs proches. Les élus présents à la session ordinaire consacrée par l'Assemblée populaire de wilaya (APW) de Tizi Ouzou à la situation sanitaire qui prévaut dans la région étaient unanimes à qualifier l'évolution de la pandémie de "grave", "inquiétante" et même "catastrophique" ! Un constat que les chiffres dévoilés, à la même occasion, par la direction de la santé ne pouvaient que confirmer. En effet, selon le directeur de la santé publique de la wilaya, Mohamed Mokhtari, le nombre de patients atteints de la Covid-19 hospitalisés, jusqu'à avant-hier, à travers toutes les structures de santé de la wilaya de Tizi Ouzou a atteint 922, dont 40 en réanimation. Soit 92 de plus que le nombre dévoilé la veille. Un chiffre qui fait froid dans le dos lorsque l'on sait que la wilaya de Tizi Ouzou n'avait pas atteint ce chiffre durant tous les sept mois qu'a duré la première vague ou encore durant toute la deuxième vague. Mais, pis encore, Mohamed Mokhtari a expliqué que lorsque la wilaya avait déjà atteint 836 patients hospitalisés, 803 d'entre eux étaient oxygéno-dépendants. C'est, d'ailleurs, cette crise d'oxygène qui s'est taillé la part du lion dans les débats de cette session. D'emblée, le DSP a expliqué cette crise de l'oxygène par la hausse du nombre de patients qui a entraîné une surconsommation puis encore des perturbations dans l'approvisionnement en la matière. "Le nouveau variant s'attaque directement et massivement aux poumons des patients qui se retrouvent rapidement atteints à une moyenne de 60%, et c'est pour cela que les malades ont besoin de beaucoup d'oxygène et d'une hospitalisation moyenne de 10 à 15 jours", a appuyé, pour sa part, le Dr Sidali Youcef, soutenant, toutefois, qu'"il y a une mauvaise gestion dans la distribution de l'oxygène". Pour lui, même l'ouverture de nouveaux lits d'hospitalisation dans les polycliniques, les gymnases et les salles de fête, comme proposé par certains, ne pourra pas régler le problème tant que la question de l'oxygène n'est pas réglée. "Ce qu'il sera judicieux de faire, c'est de redéployer les personnels des EPSP pour pallier le manque de personnel dans les hôpitaux", a-t-il préconisé. "La pandémie a débuté en 2020 et on devait prendre nos dispositions pour que l'oxygène soit disponible. Mourir dans un hôpital par manque d'oxygène est inadmissible. Malheureusement il y en a eu beaucoup, et c'est très grave ! C'est une hécatombe, nous avons beaucoup de décès", a dénoncé, pour sa part, le Dr Msela, non sans s'interroger comment le CHU de Tizi Ouzou, qui dispose d'un budget énorme, n'a pas sa propre unité de fabrication d'oxygène. Un autre élu, Ferhat Sadoud, qui intervenait à l'occasion, a estimé que cette crise de l'oxygène est une résultante d'"un problème de planification et d'un problème de production dont le gouvernement devra assumer seul la responsabilité politique". Le wali Mahmoud Djamaa a, quant à lui, répliqué que "l'heure n'est pas au bilan mais plutôt à l'action", car, dit-il, "nous sommes en pleine crise qu'il faut affronter dans un cadre solidaire". Concernant l'oxygène, le wali a expliqué qu'il est "en discussion avec Linde Gaz pour essayer de constituer un stock au profit de la wilaya. Et nous attendons aussi l'arrivée de 9 000 concentrateurs d'oxygène dans les prochains jours". "En attendant, nous sommes mobilisés jour et nuit pour intervenir à chaque fois pour l'acquisition d'un maximum de quantités auprès des producteurs", a-t-il développé, précisant, concernant les dons de matériel par la diaspora, qu'il faut formuler des demandes officielles à l'effet de les faire passer via la PCH pour éviter les frais de douane, et concernant les initiatives de confinement local, qu'il y a des commissions de daïra et que ses services sont à l'écoute pour accompagner les propositions faites à base de constats scientifiques réels. "Le citoyen doit, pour sa part, apprendre à changer de comportement si on veut maîtriser la situation", a-t-il appelé, alors que le DSP a mis l'accent sur la campagne de vaccination qui a atteint jusque-là 89 379 vaccinés et qui évolue à un rythme de 10 000 vaccinations par jour. "Il faut atteindre 30% de la population de la wilaya pour atteindre l'immunité collective", a-t-il précisé. Un taux qui, à ce rythme, peut être atteint, théoriquement, en un mois de vaccination, si l'on compte les près de 10% déjà vaccinés. Ce qui a, en revanche, choqué les présents dans l'hémicycle de l'APW, c'est lorsque le DSP a annoncé que le nombre de décès par Covid enregistré dans la wilaya de Tizi Ouzou depuis le début de cette troième vague n'est que de 55 personnes. Un nombre que d'aucuns ont contesté. "Vu les décès que nous enregistrons quotidiennement, le nombre total est bien au-dessus de ces 55", a répliqué, entre autres, le P/APW, Youcef Aouchiche.