Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, propose aux diverses parties irakiennes de se rencontrer au Caire le 15 novembre pour préparer une conférence de réconciliation nationale, qui se tiendrait à Bagdad avant les législatives de décembre. L'invitation a été adressée au Conseil de dialogue national irakien créé par Washington pour accompagner la construction de l'Irak post-Saddam. Le séjour d'Amr Moussa à Bagdad est présenté comme une initiative marquant le retour de l'organisation panarabe en Irak après une absence de plus de deux ans et demi. L'inamovible secrétaire général de la Ligue pense réunir 80 personnalités de tous les courants politiques. Son initiative a, cependant, peu de chance de réussir si elle n'est pas agréée par la Maison-Blanche. La Ligue arabe, qui n'a rien pu faire face à l'invasion irakienne, à son occupation et à sa descente aux enfers n'a levé son petit doigt que pour dénoncer la nouvelle Constitution de ce pays. La Ligue, qui reste une sorte de syndicat de chefs d'Etat arabes, craint, en effet, une retombée du fédéralisme irakien parmi ses pays membres et n'a pas du tout apprécié l'abandon par le nouvel Irak de références sur l'arabisme. Le Premier ministre irakien, Ibrahim Jaâfari, a indiqué ne pas être opposé à un tel dialogue à condition qu'il n'inclut pas les terroristes qui ont fait couler du sang et les bassistes qui occupaient des postes importants sous le régime du président déchu Saddam Hussein. Or, la réconciliation sans ces parties n'a aucun sens aux yeux de la Ligue arabe qui s'est inquiétée de la perte d'influence des arabes sunnites sur la scène irakienne. Le chef radical chiite Moqtada Sadr, qui a refusé de rencontrer Amr Moussa, a exigé que l'organisation panarabe condamne clairement les actes du chef d'Al Qaïda en Irak, Abou Moussab al Zarqaoui et le régime déchu de Saddam Hussein. Sadr, qui n'a aucune confiance dans la Ligue arabe, exige de ses responsables des engagements écrits. Amr Moussa dit avoir obtenu le soutien de l'ayatollah chiite Ali Sistani, la plus haute autorité religieuse chiite en Irak, avec lequel il a également discuté de la dimension arabe de l'Irak et de son unité. Le secrétaire général de la Ligue arabe a même proposé les services de l'organisation panarabe pour aider l'Irak à retrouver son unité et son indépendance ! D. Bouatta