Selon les chiffres du commerce extérieur du premier semestre de l'année en cours, les exportations hors hydrocarbures ont atteint 2 milliards de dollars, un montant que l'Algérie engrangeait auparavant sur une année entière d'activité. Tout semble indiquer que la valeur des exportations hors hydrocarbures (EHH) pour l'exercice 2021 dépassera les 4 milliards de dollars, un seuil fixé, faut-il le rappeler, par le président de la République à son gouvernement. Si l'on se réfère aux résultats du commerce extérieur du premier semestre de l'année en cours, où les EHH ont atteint 2 milliards de dollars, un montant que l'Algérie engrangeait auparavant après une année d'activité, l'objectif tracé par le chef de l'Etat pourrait bel et bien être réalisé. Les EHH ont donc augmenté, au cours des six premiers mois de l'année 2021, de 95,55% soit de près de 1 milliard de dollars. Organisations patronales et professionnelles, experts et opérateurs économiques présageaient déjà, faut-il le préciser, une telle augmentation des EHH pour l'actuel exercice. Tous ces acteurs de la scène économique du pays prévoient une valeur des EHH pour 2021 qui se rapproche du montant fixé par l'Exécutif. Ils s'accordent à dire que les exportations, en dehors du pétrole et du gaz, avoisineront les 3,9 milliards de dollars d'ici à la fin de l'année 2021. Une statistique en nette hausse en comparaison à l'année écoulée où le montant de ces exportations n'a pas dépassé les 2,3 milliards de dollars. Cette augmentation des EHH n'est toutefois pas réellement le fait des nouvelles mesures prises par l'Exécutif pour encadrer le commerce extérieur. C'est surtout dû à la concentration de 4 familles de produits à l'export dits émergents que sont le fer et l'acier, les fertilisants, le ciment et le sucre. Les exportations des produits issus de la pétrochimie à elles seules ont dépassé les 400 millions de dollars contre 100 millions de dollars à la même période de l'année 2020. De manière globale, les exportations des engrais minéraux et chimiques azotés sont de l'ordre de 618 millions de dollars, soit une hausse de 52,4% par rapport à la même période de l'année 2020, indiquent des statistiques du ministère du Commerce. L'on doit mettre l'accent également sur la percée des produits sidérurgiques qui, il y a à peine deux ans, ne figuraient pas sur la liste de marchandises destinées à l'export. C'est l'œuvre de l'entreprise Tosyali qui a exporté pour un montant de 350 millions de dollars. Les exportations de cette catégorie ont avoisiné les 21 millions de dollars en 2020. La hausse est par conséquent remarquable. Le ciment fait partie également des produits qui ont émergé et dont la valeur à l'export a dépassé les 100 millions de dollars. Idem pour les exportations des produits alimentaires qui ont augmenté à 287 millions de dollars, soit une hausse de 37% sur un an et celles du sucre qui ont connu aussi une augmentation de 55,5% pour atteindre 206 millions de dollars. Une insuffisance évidente est constatée, en revanche, pour les produits manufacturés dont les exportations ont augmenté à 141 millions de dollars, soit un taux de 7%. La hausse de 95,55 % des EHH s'explique ainsi par les produits émergents issus de nouveaux investissements réalisés en Algérie. Il faut reconnaître aussi que la hausse des exportations des fertilisants a pour origine le début de la relance de l'économie mondiale qui a fait qu'une demande s'est exprimée. En plus, les prix de ces produits sont intimement liés au cours du pétrole et du gaz sur les marchés internationaux. Cela dit, il est impératif d'élargir l'assiette des produits exportables. Cette diversification passe par le lancement de projets d'investissements nationaux et étrangers (IDE). Ce qui, par voie de conséquence, va permettre aux exportateurs de réaliser des montants significatifs dans leurs opérations d'exportations. Les IDE exigent, toutefois, une attractivité, une amélioration du climat des affaires, une stabilité juridique, un accès plus facilité au foncier industriel, une compétitivité des ports, un accompagnement bancaire, un attrait pour les projets de relocalisation et des industries à forte densité technologique. Les contraintes persistent L'exemple de Tosyali est édifiant. Cette société a tiré profit de la position géostratégique de notre pays, des avantages comparatifs, du coût bas de l'énergie et de la main d'œuvre...pour augmenter ses exportations qui, à ce rythme, devront atteindre les 700 millions de dollars d'ici à la fin de l'exercice 2021. Cependant, un certain nombre de contraintes freinent toujours cette dynamique naissante à l'export en dépit des instructions insistantes des hautes autorités du pays aux responsables concernés pour faciliter l'acte d'exporter aux opérateurs économiques. A commencer par la lancinante question de la réglementation des changes qui, visiblement, constitue un véritable écueil pour les exportateurs même si la Banque d'Algérie a tenté récemment de leur accorder davantage de facilitations. L'on doit évoquer aussi les entraves liées à l'environnement économique qui signifie clairement qu'il sera difficile de réaliser des produits diversifiés exportables, sachant les difficultés qui existent lorsqu'il s'agit d'approche des marchés étrangers. Il est urgent, en outre, de revoir le dispositif d'accompagnement des actes d'exportation afin de rendre plus aisés les différents maillons qui caractérisent le processus de vente vers l'étranger particulièrement l'acheminement physique des produits jusqu'à la clientèle finale dans différents pays. L'on doit mettre en avant la contrainte de l'absence d'agences bancaires à l'extérieur pour sécuriser les paiements. Une question que l'on juge sensible nécessitant une solution rapide de la part de la Banque d'Algérie. Il en est de même pour le contrôle des changes dont les exportateurs attendent un allègement en leur faveur notamment pour ce qui concerne les délais de rapatriements des devises que par rapport au taux de rétrocession accordé sur les recettes en devise évalué actuellement à 50%. Car, pour les opérateurs, le problème n'est pas encore résolu dans sa totalité. L'on se demande ainsi si la couverture du risque de change trouve sa solution dans les récents textes de la Banque d'Algérie. Dans ce cas, il suffit d'accélérer la mise en application de ces dispositions par les banques commerciales en faveur des opérateurs économiques. L'autre soutien financier indirect dont doit bénéficier la PME exportatrice a trait au Fonds spécial de promotion des exportations (FSPE) appelé à être renforcé. Il cible en particulier ce qui se rapporte à la prise en charge partielle des frais d'acheminement des produits, de leur adaptation aux exigences de la clientèle, des efforts de prospection que doivent mener les exportateurs à l'étranger...Il est également impératif d'accorder plus de flexibilité aux entreprises exportatrices dans les opérations de dédouanement tant à l'export que par rapport aux réapprovisionnements de l'étranger. Car, la célérité dans les transits aux ports et aéroports est une nécessité absolue. Les circuits verts seront de mise dans ce cas. Parmi les mesures d'incitation afin d'encourager l'acte d'exporter, l'on doit évoquer aussi des allègements fiscaux qui profiteront aux opérateurs. Il est par ailleurs réclamé une adhésion dans des organisations professionnelles qui encadrent les différentes filières de production.