La JS Kabylie a remporté haut la main la finale de la Coupe de la Ligue. Ce qui lui ouvre droit à une participation à la Coupe de la CAF. Si, dans un passé plus ou moins lointain, la JS Kabylie a déjà décroché la bagatelle de 27 titres, toutes compétitions confondues, et a écrit en lettres d'or un palmarès fort éloquent qui a donné lieu, à chaque fois, à des scènes de liesse et à des réjouissances populaires sans précédent, voilà que ce 28e trophée historique, arraché de haute lutte et dans la douleur et la dignité, restera certainement gravé dans l'histoire fabuleuse du prestigieux club du Djurdjura. Et pour cause, cette maudite Coupe de la Ligue, dont la finale s'est fait tant désirer auprès des hautes instances du football algérien, s'est finalement jouée dans un contexte particulier et fortement douloureux. C'est que cette terrible tragédie engendrée par les graves incendies, qui ont ravagé de nombreuses localités montagneuses et malheureusement endeuillé toute la Kabylie, aura gravement déteint sur le déroulement de cette finale à un tel point que l'on ne savait pas trop s'il fallait la jouer ou, au contraire, la mettre aux oubliettes. Finalement, la raison sportive l'avait emporté et les Canaris, la mort dans l'âme, ont dû se rendre à l'évidence qu'il fallait se surpasser à l'occasion pour honorer la mémoire des nombreuses victimes des incendies mais aussi de la Covid que la Kabylie a comptabilisées, ces derniers jours. Après avoir observé une minute de silence avant le coup d'envoi de la finale, les joueurs kabyles avaient arboré des crêpes noires en signe de deuil, mais il faut bien avouer qu'ils étaient visiblement crispés, voire tétanisés face à cette épreuve douloureuse et presque insurmontable. Ils étaient réellement dans le cirage lorsqu'ils encaissèrent ce premier but assassin signé du remuant Demane en tout début de match (11') qui a failli les mettre à genoux, mais les camarades de Bensayah puisèrent dans leur orgueil légendaire pour niveler la marque par le jeune prodige Boualia à la 36' de jeu, sans pour autant fêter gaiement cette réalisation car le cœur n'y était pas et l'esprit était tout simplement braqué vers les villages kabyles embrasés qui comptaient et pleuraient leurs morts depuis deux jours. Face à un destin aussi tragique, les poulains de Denis Lavagne trouvèrent encore des ressources inhumaines lors des prolongations où ils furent pourtant poignardés encore, dès le début des prolongations, sur un but cruel du remplaçant Korichi, incorporé à la 88', mais, au moment où l'on pensait que la messe était dite, les "Imazighen" réussirent un coup de théâtre sensationnel qui fera certainement date dans les annales du football algérien, puisque ce diable de Haroun parvenait à arracher une égalisation miraculeuse à la... 120' de jeu ! Dame Coupe venait de faire valoir, une fois de plus, ses caprices, et le trophée tant convoité venait de filer entre les mains des infortunés Magraouis qui avaient pourtant réussi un match de toute beauté avant de céder face à la rage de vaincre et à l'expérience de la JSK, surtout dans l'épreuve fatidique des tirs au but. "Ce fut dur, très dur pour tous les joueurs, car nous avions l'esprit fortement troublé par les derniers incendies de forêt qui ont endeuillé toute la Kabylie et nous avions juré d'arracher coûte que coûte cette Coupe pour la dédier à toutes les victimes des incendies mais aussi de la Covid", dira le capitaine kabyle, Rida Bensayah, visiblement ému par cette soirée footballistique pas comme les autres et ce, au moment où quelques supporters kabyles avaient tenu à braver le couvre-feu sanitaire pour sortir dans les rues de Tizi Ouzou et déchirer douloureusement la nuit aux cris stridents de "Kabylie, Chouhadas !", soit un slogan déjà bien connu qui avait retrouvé, l'espace d'une véritable veillée funèbre collective, toute sa signification légendaire !