Le journaliste Rabah Karèche a été condamné pour ses écrits. Le verdict de son procès a été rendu, ce jeudi, par le tribunal de Tamanrasset qui l'a condamné à un an de prison, dont quatre mois avec sursis. Une condamnation qui a surpris plus d'un. D'abord sa famille qui attendait sa libération. Elle a également surpris la famille de la presse et le collectif de défense. Tout le monde s'attendait à une libération "presque certaine" du journaliste. Mais, la justice en a décidé autrement. En prison depuis le 19 avril dernier, Rabah Karèche devra purger une lourde peine pour avoir rapporté sur Liberté une manifestation de citoyens de Tamanrasset. Lors du procès, les témoins ont, à l'unanimité, reconnu devant la justice que les propos rapportés par le journaliste étaient les leurs, donc, Karèche avait été fidèle aux déclarations des citoyens qui ont dénoncé le nouveau découpage administratif. Devant le juge, les propos des témoins mettaient en avant le professionnalisme de Karèche, son sérieux et ses bonnes intentions en publiant des articles traitant des soucis quotidiens des citoyens du Grand sud. "Nous avions réglé pas mal de problèmes grâce à ses écrits", avait déclaré un témoin. Les réponses des témoins étaient pourtant suffisantes pour le parquet qui insistait sur "les intentions" du journaliste. Qui mieux que les lecteurs pour juger de la pertinence d'un écrit de presse ? Qui mieux qu'un manifestant pour juger la véracité des événements rapportés par un journaliste ? Même si le journaliste est condamné, les témoins ont apporté une réponse claire à une question centrale de cette affaire : il s'agit de la vérité que le journaliste a rapportée. Pour rappel, Rabah Karèche a été convoqué le 18 avril dernier par la police de la ville de Tamanrasset. Maintenu en garde à vue, le juge instructeur avait décidé de le placer sous mandat de dépôt. Poursuivi, officiellement, pour "l'administration d'un compte électronique consacré à la diffusion d'informations susceptibles de provoquer la ségrégation et la haine dans la société", "la diffusion volontaire de fausses informations susceptibles d'attenter à l'ordre public" et "l'usage de divers moyens pour porter atteinte à la sûreté et l'unité nationales", certaines de ces accusations n'ont pas paru lors du procès. L'institution judiciaire s'est simplement intéressée à ses écrits sur Liberté. Reprenant le slogan "Le journalisme n'est pas un crime", Amnesty International (AI) a réagi au verdict du tribunal de Tamanrasset en considérant qu'il s'agit d'un nouveau coup à la liberté de la presse en Algérie. "Cette peine de prison a été prononcée alors que la Constitution algérienne stipule que les délits de presse ne sont pas passibles d'emprisonnement", rappelle l'ONG. Et d'appeler à sa libération, car sa condamnation est injuste. "Rabah Karèche doit être libéré immédiatement, et sa condamnation injuste et sa peine doivent être annulées", lit-on dans le communiqué d'AI de ce jeudi. À noter que le collectif de défense du journaliste a décidé de faire appel de la décision de la justice. Le procès en appel devra avoir lieu dans les quelques semaines à venir.