Le courant ne passe pas entre musulmans d'Egypte et la minorité copte. De graves incidents avaient éclaté après la prière du vendredi à Alexandrie, lorsque des milliers de musulmans ont manifesté dans cette ville, dont Moubarak s'énorgeuillit en tant qu'exemple de cohabitation inter religieuse, lançant des pierres contre des églises, saccageant des magasins et mettant le feu à des voitures appartenant à des coptes. Les manifestants protestaient contre une pièce de théâtre copte jugée blasphématoire pour l'islam et réclamaient des excuses au patriarche copte orthodoxe Chenouda III. Loin d'accéder à cette demande, ce dernier a, par contre, protesté contre l'hostilité grandissante à l'égard de sa communauté. Les coptes ont saisi l'occasion pour faire état de leur marginalisation politique, de discrimination dans l'accès aux fonctions publiques, notamment dans la justice, et de restrictions sur la construction de lieux de culte. Pourtant, ils avaient majoritairement voté pour Moubarak, qu'ils estiment comme un protecteur face à la déferlante islamiste. Les incidents d'Alexandrie sont exacerbés par l'approche des législatives, qui s'annoncent très rudes pour le parti de Moubarak dont la perte de crédit s'est affirmée lors de sa cinquième réélection avec un taux de participation ne dépassant pas les 20%. Les coptes se demandent pourquoi ces manifestations en ce moment et dans la circonscription de Ghorbal à Alexandrie où se trouve leur électorat et qu'ambitionnent d'arracher les frères musulmans, tolérés sous d'autres appellations. Trois chrétiens se présentent aux législatives, Khellah et le ministre des finances, Youssef Boutros-Ghali, sur la liste des 444 candidats du parti national démocrate de Moubarak et un autre représentant le parti libéral Al-Wafd. Représentés au Parlement sortant par sept députés sur 454, les coptes s'attendaient à une part plus importante sur la liste du PND surtout après la consigne de vote du pape Chenouda III en faveur de Moubarak lors des présidentielles de septembre. L'hebdomadaire Watani, l'unique publication copte en Egypte, affirme que les listes des candidats établies par le PND prouvent que les coptes ne sont pris en compte dans les calculs du PND, quoi qu'ils fassent et quoi que fasse leur église, suspectant Moubarak de céder aux exigences des frères musulmans. Les coptes disent ne plus se contenter de déplorer leur situation, dès lors que leur communauté est agressée uniquement en raison de sa confession. D. Bouatta