Les autorités continuent de sévir contre les chaînes de télévision privées. La première chaîne de droit privé à avoir ouvert en Algérie, El Djzaïria One, a été fermée sur une décision commune de l'Autorité de régulation de l'activité audiovisuelle (Arav) et du ministère de la Communication. La raison ? L'Arav dit enregistrer "(...) des violations professionnelles provenant de la chaîne El Djazaïria One' relatives au non-respect des exigences de l'ordre public, outre la violation par l'un des associés de cette chaîne de la loi sur l'activité audiovisuelle, laquelle interdit l'acquisition d'actions dans plus d'une chaîne télévisée". Le document précise qu'aux précédents motifs s'ajoutent "les poursuites judiciaires et le mandat d'arrêt rendu par la justice algérienne à l'encontre des frères propriétaires, fondateurs et gérants de cette chaîne pour infraction à la législation et à la réglementation de change et mouvements de capitaux de et vers l'Algérie, d'une part, et blanchiment d'argent, d'autre part". "Soucieuse de garantir le respect des lois de la République et ses réglementations en vigueur", l'Arav "décide de la fermeture immédiate et définitive de la chaîne El Djazaïria One et demande au ministère de la Communication de lui retirer l'accréditation et d'appliquer la décision de sa fermeture définitive".Au siège de la télévision, les 150 salariés n'en reviennent pas. La décision "lue sur Facebook" est tombée comme un couperet. La désolation a vite laissé place à la colère. Ils ont organisé un sit-in devant la villa qui sert de siège à leur chaîne. "Il est terrible d'apprendre par un simple post Facebook que ton entreprise est fermée. Pourtant, la Constitution interdit toute fermeture d'entreprise médiatique sans passer par la justice", dénonce un journaliste. Personne parmi le personnel, ni au sein de l'administration ne connaît les vraies raisons de cette fermeture. "Nous n'avons rien reçu, ni notification, ni avertissement, ni appel téléphonique. Nous avons lu l'information sur Facebook", s'indigne un responsable. "Depuis de longues années, nous avons veillé à ne commettre aucune faute. Nous surveillons même nos génériques pour éviter de susciter l'ire des autorités. Elles n'ont rien à nous reprocher", s'emporte un technicien. Pourtant, tous savaient que désormais, c'est le chapitre chômage qui les attend désormais. "Cela fait 9 ans que je travaille. Et subitement, je suis au chômage", a simplement commenté une journaliste, incrédule. En plus d'El-Djazaïria One, une autre chaîne de télévision a été sanctionnée. En effet, El-Bilad a été fermée pour une durée d'une semaine. L'Arav a annoncé, dans un communiqué, que la chaîne est accusée de "non-respect des recommandations liées à la protection des enfants mineurs lors de la diffusion de ses programmes". Le document précise que l'article 48 de la loi relative à l'activité audiovisuelle impose notamment "le respect des règles professionnelles, d'éthique et de déontologie dans l'exercice de l'activité audiovisuelle quels qu'en soient la nature, le support et le mode de diffusion", la "mise en place des mécanismes et des procédés techniques de protection des enfants mineurs et des adolescents dans les programmes diffusés" et de "ne pas faire l'apologie de la violence". La chaîne n'a pas réagi.