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"COMME UN MIROIR BRISé"
16e partie
Publié dans Liberté le 02 - 09 - 2021

Résumé : Tarek ne le comprend pas. Il la connaît assez bien pour savoir que la Mecque est le dernier endroit où elle voudrait se rendre en temps normal. Latéfa promet que c'est son dernier caprice. Elle l'intrigue en lui demandant si leur relation survivrait à la maladie. Elle part avec son père quelques heures plus tard pour le plus beau voyage de sa vie. Elle vit intensément ce pèlerinage et ne cesse de prier, son père aussi. Il espère un miracle.
Il est près de 2h du matin lorsqu'ils arrivent à la maison après avoir pris le dernier vol de nuit. Le pèlerinage les a gardés loin du pays deux semaines. Latéfa est heureuse de trouver sa mère encore debout pour les accueillir.
-Enfin, vous voilà ! Soyez les bienvenus.
-Merci maman, je suis trop contente de rentrer à la maison, dit Latéfa, en étouffant un bâillement. De vous retrouver...
Elle lui fait un câlin, s'accrochant à son cou, pendant un moment avant de s'excuser.
-Je suis très, très fatiguée. Je ne tiens plus debout. Maman, si tu me le permets, je vais me coucher, on se verra demain.
-Oui, vas-y. Bonne nuit ma fille, on aura tout le temps de se voir et de discuter inchallah.
Latéfa l'embrasse sur le front, puis monte à sa chambre. Elle retire ses chaussures, puis s'allonge. Elle est trop épuisée pour se changer. Elle est heureuse de retrouver son lit. Elle ne tarde pas à s'endormir.
Da Ali ne parvient pas à fermer l'œil. À la première heure du matin, il s'enferme dans son bureau et appelle le professeur. Ce dernier est surpris qu'il ne soit pas passé récupérer les résultats de la biopsie.
-Qu'est-ce qui vous a retenu ? Je vous ai appelé plusieurs fois. Je vous ai même envoyé des messages, dit le professeur. Pourquoi ce silence ? Qu'avez-vous fait ? Pourquoi étiez-vous injoignables ?
-Elle a tenu à se rendre à la Mecque. Je l'ai accompagnée. Nous sommes rentrés au milieu de la nuit.
-Vous n'auriez pas dû, lui reproche le professeur. C'est une perte de temps et de chance pour elle.
-À votre voix, je sens que les résultats ne sont pas bons. C'est très grave, c'est ça ?
-Passez à mon bureau, l'invite le professeur. Je vous expliquerais tout.
Da Ali se rend expressément à l'hôpital. Son ami le reçoit rapidement.
-Alors, dis-moi, les résultats ? Qu'est-ce que tu ne pouvais pas me dire au téléphone ?
Le professeur lui explique que Latéfa a une tumeur ravageuse. Si elle ne fait rien rapidement, ce sera trop tard pour la soigner.
-La Omra, c'est bien, mais il faut passer aux choses sérieuses. Il faut qu'on lui refasse une échographie. On va avoir besoin de nouvelles images. Amène-la s'il le faut de force. Tu ne peux pas la laisser en faire à sa tête.
-Oui, tu as raison. J'y vais de ce pas, je te la ramène tout à l'heure.
-Je vous attends.
Da Ali retourne à la maison et va réveiller Latéfa.
-Laisse-moi dormir.
-Non, lève-toi. Il faut qu'on parle. Sinon, je dis tout à ta mère.
Celle-ci l'avait suivi, étonnée qu'il entre dans la chambre sans frapper.
-Qu'est-ce que tu me caches ?
-Latéfa doit faire quelques examens et se soigner, sinon elle se met en danger, lâche Da Ali. Lève-toi et prépare-toi à m'accompagner à l'hôpital. On ne peut pas perdre une journée de plus.
-Mais de quoi tu parles ?, demande Houria, en le prenant par le bras, pour le forcer à la regarder. Pourquoi veux-tu l'emmener à l'hôpital ? Qu'est-ce qui se passe à la fin ?
-Latéfa a une tumeur, il faut qu'elle se soigne rapidement sinon...
Da Ali ne finit pas sa phrase, Houria perd l'équilibre, sujette à un malaise. Il comprend pourquoi sa fille ne voulait pas l'en informer.

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