Big day (le Grand jour) n'a pas drainé la foule malgré la large publicité dont l'opération d'envergure a bénéficié. Des citoyens sont encore réticents à la vaccination avec, parfois, des arguments d'une rare légèreté. Malgré toutes les opérations de sensibilisation, les appels officiels et dorénavant les menaces à peine voilées du premier responsable de la wilaya, la vaccination contre la Covid-19 à Oran peine réellement à prendre son envol. Dans les chiffres officiels et le constat de visu, la tendance semble être inversée et les professionnels du secteur de la santé constatent un relatif recul de l'engouement populaire pour la vaccination. "Le nombre des vaccinés n'est pas le même que celui du début de l'opération, mais nous vaccinons actuellement entre 6 000 et 8 000 personnes par jour", avoue le chargé de communication de la Direction locale de la santé et de la population (DSP), Youcef Boukhari. Une fourchette de chiffres qui reste, néanmoins, loin des prévisions ciblées qui sont de l'ordre de 20 000 doses par jour. Il est presque 11h au Centre des conventions d'Oran (CCO) devenu, depuis juillet dernier, un centre de vaccination contre la Covid. C'est l'un des 260 points ouverts dans la wilaya depuis le début de l'opération de vaccination. À l'intérieur, les nombreux agents de sécurité veillent à la bonne marche des opérations, et le processus semble bien huilé entre l'attente et le passage devant les blouses blanches. Des groupes de dix personnes sont autorisés à entrer à chaque fois pour ne pas gêner le personnel soignant. Des citoyen.ne.s de tous âges, des hommes, mais beaucoup plus de femmes, selon le témoignage d'une infirmière rencontrée sur place, se font vacciner quotidiennement. Les gestes barrières sont observés, le port du masque ainsi que les distances de sécurité sont respectés. Pourtant l'afflux n'est pas très important en cette heure de la journée comparée aux premiers jours de l'opération lorsqu'on assistait à une affluence estimée entre 400 et 600 personnes comme le reconnaît un agent de sécurité. "Actuellement, on vaccine entre 150 et 200 personnes", constate Nadjet, une infirmière rattachée à l'EPSP d'Es-Seddikia. Ce recul s'explique, selon elle, par l'ouverture d'autres points de vaccination au sein des polycliniques un peu partout dans les quartiers et les communes d'Oran. "Les premiers jours, on recevait au CCO des personnes venant de plusieurs quartiers de la ville et même des communes de l'est d'Oran", précise-t-elle. Le Dr Boukhari préfère, lui, se défausser sur les départs en congé vers d'autres wilayas du pays, les voyages à l'étranger, mais plus encore sur les rumeurs et les "fake news" colportées par les réseaux sociaux sur les prétendus risques du vaccin. Un aspect non négligeable dans l'approche des citoyens désireux de se faire vacciner, pense Nadjet qui affirme que de nombreuses personnes qui se déplacent au CCO s'interrogent sur la dangerosité du vaccin. "Il y a des gens qui s'interrogent sur les effets secondaires du vaccin et je les rassure. Pas plus tard que ce matin (hier), une dame m'a posé la même question et je lui ai certifié que les vaccins Sinovac et Sinopharm sont les meilleurs", raconte notre interlocutrice. Actuellement, quatre types de vaccin sont inoculés à Oran : le Sinovac, le Sinopham l'AstraZeneca et le Sputnik V, indique le Dr Boukhari qui rassure sur la disponibilité des vaccins. À la place Tahtaha, dans le quartier populaire de M'dina Jdida, le premier chapiteau dressé pour la vaccination, la première semaine de juin dernier, est également loin de connaître les files d'attente des premiers jours. Si les mêmes raisons produisent les mêmes effets, l'emplacement de ce chapiteau n'est pas pour encourager les gens à s'y rendre du fait de l'impossibilité de trouver un stationnement. Pourtant, vers 12h, on a pu constater la présence de quelques citoyens sous la tente. Si à Oran, on continue à se faire vacciner à ce rythme, il est peu probable qu'on puisse atteindre la prévision d'un million de personnes vaccinées d'ici à la fin de l'année sachant que jusqu'à ces dernières heures, 510 000 doses ont été injectées dont 390 000 en première dose.