Le spectacle affligeant renvoyé par les membres du comité central avant-hier, lors de la destitution du secrétaire général de l'ex-parti unique, illustre l'état d'un parti en décomposition avancée. Le temps n'est-il pas venu de restituer ce sigle à la mémoire collective ? La bagarre a éclaté entre les soutiens et les opposants à Abou El-Fadhl Baâdji, faisant plusieurs blessés. N'était la présence des forces de l'ordre, le bilan aurait été plus lourd. On dénombre une dizaine de blessés parmi les antagonistes. La rixe a éclaté lorsque les opposants de Baâdji, plusieurs dizaines de personnes, ont été empêchés d'accéder au siège du parti pour tenir une réunion. Tenant compte de leur nombre, ils ont forcé l'entrée pour se retrouver face-à-face avec les soutiens de l'actuel premier responsable. L'accrochage a été inévitable tant chacune des deux parties se considérait légitime. S'en sont suivies des empoignades qui ont mis aux prises les deux groupes de militants. Pour précision, jeudi, dans la matinée, des membres du comité central de l'ex-parti unique se sont donné rendez-vous au siège pour tenir une rencontre de militants dont le but principal était de hâter le départ d'Abou El-Fadhl Baâdji, contesté depuis plusieurs mois. Face au refus des fidèles de ce dernier de céder devant la pression des opposants, ces derniers ont d'abord organisé un sit-in de protestation devant le siège du parti. "Dégage harki", "T'es un agent marocain", scandaient, entre autres, les opposants à Baâdji, dont plusieurs membres du comité central. Selon un membre du comité central présent jeudi sur les lieux, ils étaient plus de 200 membres de cette instance à s'opposer à l'actuelle direction. Pour eux, "Baâdji occupe indûment le poste de premier responsable du FLN", d'où "la colère des militants". "Nous avons voté une motion de destitution que nous allons déposer dimanche (demain, ndlr), au ministère de l'Intérieur", apprend-on également auprès des opposants de Baâdji. Cette motion, explique notre source, "obligera le ministère de l'Intérieur à prendre des décisions" et "régler le conflit au sein du parti pour permettre aux membres du comité central de préparer le congrès pour élire un nouveau secrétaire général". Le conflit avec l'actuelle direction de l'ex-parti unique a commencé il y a plusieurs mois. Abou El-Fadhl Baâdji n'a pas fait l'unanimité depuis son intronisation à la tête du FLN. Selon ses opposants, "il s'est entouré de responsables contestés par la base". Ils citent, notamment "deux membres influents du bureau politique qui sont impliqués dans des affaires de corruption". "Un candidat aux dernières législatives originaire de Djelfa a vu son dossier de candidature refusé pour soupçon d'implication dans des affaires de corruption", avance notre source, ajoutant qu'un autre responsable de M'sila "a exclu tous les anciens membres du BP". Les membres du comité central du FLN assurent qu'ils ont atteint le quorum pour tenir un congrès. "Nous avons 333 signatures de membres de l'instance pour la tenue de cette rencontre", assurent-ils, expliquant qu'une commission de coordination a été mise sur pied. "C'est Mohamed Issaâd et huit autres membres qui sont chargés de préparer une rencontre du comité central pour organiser le congrès", apprend-on auprès d'un ancien député de l'ex-parti unique. Un des membres de la commission de coordination mise sur pied pour préparer la rencontre du comité central a estimé que le ministère de l'Intérieur "tergiverse dans la prise de décision", avant de s'interroger sur "l'objectif de laisser pourrir la situation au FLN". "Est-ce une manière d'affaiblir un parti au profit d'indépendants ?", s'est encore interrogé notre interlocuteur.