Le compte à rebours pour le départ d'Abou El-Fadhl Baâdji de la direction du FLN est enclenché. Le secrétaire général de l'ancien parti unique est de plus en plus contesté et poussé, un peu plus, vers la sortie. Avant une réunion imminente du comité central du parti qui devrait annoncer la désignation d'un secrétaire général par intérim dont la tâche sera essentiellement de préparer le congrès extraordinaire, Abou El-Fadhl Baâdji a reçu un premier signal des autorités lui signifiant visiblement sa fin de mission à la tête du parti : sa garde rapprochée lui a été retirée. Cette information a été confirmée par plusieurs sources au sein du parti politique. Mais l'homme contacté n'a pas répondu à nos appels après diverses tentatives. Afin d'accélérer la préparation du congrès, des membres du comité central se réunissent aujourd'hui pour préparer une feuille de route pour les prochaines semaines, mais surtout pour désigner un nouveau "coordinateur" appelé à gérer les affaires du parti. Parmi les figures préssenties pour lui succéder et occuper le poste, un nom revient avec insistance, celui du sénateur Ahmed Bennaï. Ancien député de Chlef, l'homme est actuellement président du groupe parlementaire du tiers présidentiel au Conseil de la nation. Très discret, l'homme semble faire consensus parmi beaucoup de cadres du parti. "Il est très respecté et intègre surtout", affirme un ancien député. Outre sa désignation en tant que secrétaire général par intérim, tout indique qu'Ahmed Bennaï restera aux commandes du parti après le congrès qui se tiendra, selon toute vraisemblance, à la fin de l'année en cours. Arrivé à la tête du FLN un peu par défaut en mai 2020, Abou El-Fadhl Baâdji devait quitter ses fonctions en novembre de la même année, date à laquelle le parti devait tenir son congrès. Mais une fois la date passée, l'ancien chef de cabinet du ministre de la Justice n'a rien voulu savoir. Histoire de justifier le retard pris dans la programmation du congrès, il s'est défaussé sur la crise sanitaire. Pire, au fil du temps, il a fait l'impasse sur les réunions du comité central avant de supprimer quasiment toutes les instances, y compris le bureau politique qui ne se réunit plus. En dépit de cette situation, des militants du parti, qui avaient commencé à s'organiser pour déloger Abou El-Fadhl Baâdji, ont suspendu leurs "manœuvres" pour permettre aux instances du parti de bien préparer les élections législatives de juin dernier. Mais très vite, ils sont revenus à la charge, une fois les résultats du scrutin annoncés. Dans cette perspective, un groupe de cadres, emmené par le sénateur Fouad Sebouta, a mis en place une coordination pour sauvegarder le parti. Des pétitions ont même été signées pour déloger Baâdji. Outre la mauvaise gestion du parti, les opposants reprochent à Abou El-Fadhl Baâdji d'avoir également "détourné l'argent" du FLN. Il est accusé de s'être "octroyé un salaire" sans " avoir consulté les organes" du parti. Pis encore, l'homme est accusé d'exclure des militants et cadres "sans passer par la commission de discipline". Des accusations qu'il a récusées et rejetées. Face à ses détracteurs et pour se défendre, le secrétaire général du FLN a indiqué, dans des sorties médiatiques, que ses opposants se recrutaient parmi "ceux qui n'ont pas été portés" sur les listes électorales et qu'il a exclus des rangs de sa formation politique pour "manque de discipline". Pour l'heure, Abou El-Fadhl Baâdji est toujours statutairement secrétaire général du FLN. Mais sa chute est imminente. "D'ici à samedi, il sera déjà remplacé", dit un cadre du parti.