Arriver en première position lors des élections législatives anticipées n'a visiblement pas été salvateur pour Abou El-Fadhl Baâdji. Le secrétaire général du FLN est plus que jamais isolé et ses adversaires au sein du parti semblent avancer inexorablement dans leur quête de désigner, à la tête du vieux parti, un nouveau responsable. Cela commencera, très probablement, jeudi, avec le dépôt d'une demande portant sur la tenue d'une session extraordinaire du comité central. Au lendemain de l'annonce officielle des résultats des élections législatives anticipées, des cadres du FLN ont fondé, à Blida, un mouvement de redressement dont le principal objectif était de "remettre le FLN sur les rails". Et cela ne peut se faire sans déloger Abou El-Fadhl Baâdji, dont le mandat devait prendre fin, légalement, le 30 novembre dernier. Depuis cette rencontre, les "redresseurs" se sont attelés à recueillir un nombre suffisant de signatures de membres du comité central. L'objectif étant de faire signer au moins 2/3 des membres de cette instance délibérante pour pouvoir tenir une session extraordinaire du Comité central. "Nous avons largement dépassé le quorum exigé, autour de 240 signataires", indique Mohamed Issad, coordinateur des redresseurs, contacté avant-hier. "Nous allons déposer, ce jeudi, une demande en bonne et due forme au ministère de l'Intérieur", a-t-il ajouté, confiant quant à une réponse favorable de ce ministère. Cette confiance des redresseurs ne s'est pas créée ex nihilo. Pour Mohamed Issad, plusieurs membres du bureau politique ont déjà quitté le navire Baâdji, qui se trouve ainsi isolé. De toute façon, "même lorsqu'il se réunissait avec les membres du bureau politique, il n'en faisait qu'à sa tête. C'est pour cela que beaucoup se sont démarqués de lui ces derniers jours", ajoute notre interlocuteur qui cite Mohamed Amari, le chargé de communication du bureau politique, comme faisant partie des néo-frondeurs. Toutes nos tentatives de le joindre ont été vaines. Tout comme il nous a été impossible d'entrer en contact avec Abou El-Fadhl Baâdji, qui, lui aussi, n'a pas répondu à nos appels. Pour tenter de s'entourer d'un maximum de protection, Abou El-Fadhl Baâdji a réuni, à la fin de la semaine dernière, l'ensemble des 98 nouveaux députés de son parti pour un dîner au sein du prestigieux hôtel El-Djazaïr. Et pour frapper les esprits, il a également convié à sa table d'anciens caciques du parti, à l'image d'Abderrahmane Belayat, qui fait ainsi un retour sur la scène publique après une éclipse de plusieurs années. Mais la nature du FLN n'encourage pas forcément la réussite de ce genre d'initiatives, quand bien même elles s'appuieraient sur des arguments légaux. L'ancien parti unique répond plutôt à une logique de pouvoir et d'appareils. C'est surtout l'argument que tient l'actuel secrétaire général du FLN, qui se vanterait, en privé, de soutiens au sein de la présidence de la République.