Avec l'incessante hausse des prix des produits de consommation qui met à mal un pouvoir d'achat déjà fortement érodé, tous les ingrédients sont réunis pour un automne qui s'annonce pour le moins difficile pour les ménages. Après avoir vécu un été dramatique à bien des égards, les Algériens s'apprêtent à affronter l'une des rentrées sociales les plus compliquées et les plus incertaines de leur histoire. Compliquée par la grave crise qui paralyse la vie politique du pays et la fragilité économique dont l'un des premiers effets directs est la cruelle détérioration du pouvoir d'achat. Incertaine en raison de l'impossibilité de se projeter dans l'avenir, personne n'étant en mesure de prévoir ce que la pandémie de coronavirus réserve pour les prochains mois. La situation socioéconomique est à ce point insoutenable et le mécontentement de la population que des observateurs n'écartent pas un possible retour des mouvements de protestation dans certains corps de travailleurs. "Les revendications que nous portons n'ont pas été satisfaites et nous sommes toujours confrontés aux mêmes problèmes, il est donc probable que nous renouions avec les grèves", confirme une syndicaliste de l'Education nationale en précisant, toutefois, que ce recours probable reste tributaire des conseils nationaux que chaque organisation syndicale devra tenir fin septembre. Une fronde dans le secteur de la santé est également possible tant les personnels hospitaliers, dont la patience est mise à rude épreuve depuis l'apparition de la pandémie en mars 2020, ont dû faire face cet été à une 3e vague meurtrière, dans des conditions extrêmement difficiles (manque de lits, ruptures d'oxygène...), qui ont poussé certains d'entre eux à crier leur désarroi via les réseaux sociaux. Certains corps de métier, à l'image des anesthésistes, sont déjà montés au créneau et des préavis de grève sont déposés. Avec l'incessante hausse des prix des produits de consommation qui met à mal un pouvoir d'achat déjà fortement érodé et la récurrence des coupures d'eau d'un autre âge, tous les ingrédients sont réunis pour un automne qui s'annonce pour le moins difficile. C'est dans cet environnement chaud bouillant que le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, est appelé à lancer le plan d'action du gouvernement, émanation du programme présidentiel, dont il présentera les contours, aujourd'hui, devant l'APN. Adopté en Conseil des ministres le 30 août dernier, ce plan s'articule autour de cinq chapitres principaux, à savoir "la consolidation de l'Etat de droit et la rénovation de la gouvernance, la relance et le renouveau économique, le développement humain et la politique sociale renforcée, politique étrangère dynamique et proactive, et le renforcement de la sécurité et de la défense nationale", tels que déclinés dans un communiqué rendu public par la Présidence. Avec les objectifs annoncés, notamment l'amélioration de la qualité de l'enseignement (...) et de la qualité de vie des citoyens, moderniser la justice, renforcer des libertés, imposer une gestion transparente des finances publiques, consolider des leviers de la relance économique, moderniser le système bancaire et financier... Un grand défi, estiment les rédacteurs du texte, pour un gouvernement "qui doit, à la fois, gérer l'urgence d'une situation épidémiologique en constante évolution et engager les réformes structurelles importantes sur les plans institutionnels et socioéconomiques, particulièrement pour réussir la relance économique". Un défi difficile à relever, rétorquent beaucoup d'observateurs, tant que la crise politique n'est pas réglée et que la confiance de la population - qui, rappelons-le, dans son écrasante majorité, a boudé les élections législatives) - n'est pas restaurée.