■ La Banque mondiale ne publiera plus de rapport "Doing Business", qui évalue et classe chaque année les pays en fonction de l'attractivité de leur environnement d'affaires.L'annonce a été faite, jeudi dernier, par l'institution financière qui révèle, également, les sévères conclusions d'une enquête indépendante. "Après avoir examiné toutes les informations disponibles à ce jour sur le rapport 'Doing Business', y compris les conclusions d'examens et audits antérieurs et le rapport rendu public aujourd'hui par la Banque au nom du Conseil des administrateurs, la direction du groupe de la Banque mondiale a pris la décision de mettre un terme à la publication du rapport Doing Business", annonce le groupe de la Banque mondiale dans un communiqué. "La confiance dans les travaux de recherche du groupe de la Banque mondiale est d'une importance capitale", souligne l'institution financière internationale. "Ces travaux guident les actions des décideurs politiques, aident les pays à prendre des décisions mieux éclairées et permettent aux parties prenantes de mesurer les progrès économiques et sociaux avec plus de précision", indique-t-elle. "Ces travaux constituent également un outil précieux pour le secteur privé, la société civile, le monde universitaire, les journalistes et d'autres acteurs, et favorisent une plus large compréhension des enjeux mondiaux", ajoute la Banque mondiale. Cette dernière rappelle qu'après que des irrégularités dans les données des éditions 2018 et 2020 du rapport "Doing Business" ont été signalées en interne en juin 2020, la direction de la Banque mondiale a suspendu l'édition suivante et lancé une série d'examens et d'audits du rapport et de la méthode utilisée pour l'établir. Parce que les rapports internes ont soulevé des questions d'éthique, concernant notamment la conduite d'anciens responsables du Conseil des administrateurs, ainsi que de certains employés actuels et/ou anciens de la Banque, "la direction a porté les allégations relatives aux mécanismes internes appropriés de reddition de comptes de la Banque", lit-on dans le communiqué. L'enquête du cabinet d'avocats WilmerHale, mandaté par le comité d'éthique de la Banque mondiale, a révélé que des dirigeants, dont l'ancienne directrice générale Kristalina Georgevia, aujourd'hui au FMI, avaient fait pression sur leurs économistes pour manipuler le classement en faveur de la Chine en 2018, rapportent certains médias. Les changements dans la méthodologie du classement avaient, en janvier 2018, poussé à la démission le chef économiste de la Banque mondiale, Paul Romer. Le groupe de la Banque mondiale indique qu'il reste "fermement" déterminé à promouvoir le rôle du secteur privé dans le développement et à aider les pouvoirs publics à concevoir l'environnement réglementaire qui soutient ce rôle. "À l'avenir, nous nous emploierons à élaborer une nouvelle approche pour évaluer le climat des affaires et de l'investissement", annonce la Banque mondiale.