Un audit indépendant, publié récemment à Washington, a pointé du doigt les "changements fréquents" de la méthodologie suivie dans l'élaboration du rapport Doing Business de la Banque mondiale, évoquant de possibles répercussions de ce classement sur les politiques nationales et même sur les résultats des élections dans les pays évalués. L'audit en question a été commandé par la BM après les révélations fracassantes de son ancien économiste en chef, Paul Romer, qui avait affirmé en janvier dernier que les "changements de la méthodologie de ce classement ont été motivés par des considérations politiques". Paul Romer qui a démissionné après ces révélations avait, alors, cité le cas du Chili, dont la notation a été volontairement abaissée depuis l'arrivée au pouvoir de la socialiste Michelle Bachelet en 2014. Mme Bachelet a cédé sa place en mars dernier à son concurrent Sebastian Pinera qui a promis un programme économique avec moins de bureaucratie et plus d'investissements. "Les changements fréquents de la méthodologie réduisent la valeur des indicateurs pour les chercheurs, les décideurs et les médias ", concluent les auteurs du rapport. Le document précise que les changements dans les scores obtenus par les pays évalués font l'objet " d'un suivi intensif de la part des médias nationaux et internationaux, souvent sans tenir compte des modifications apportées à la méthodologie et peuvent affecter de manière plausible les politiques nationales et même les élections ". Au cours de ces dernières années, la Banque Mondiale a modifié annuellement ses méthodes d'évaluation de la réglementation des affaires, des changements qui ont fait dégringoler plusieurs économies dans ce classement annuel, alors que leur attractivité en matière d'investissement n'a affiché aucune détérioration. La régression du Chili aurait profité au Mexique qui a capté, durant quatre années, l'essentiel des IDE vers l'Amérique Latine. Plus grave encore, Romer a affirmé que les quatre derniers rapports Doing Business de la BM doivent faire l'objet d'une rectification car fondés sur une méthodologie injuste. Juste après sa démission, Paul Romer a déclaré que la BM, appelée à opérer dans le domaine de la diplomatie, faisait l'objet d'une tension "inévitable" résultant des difficultés de concilier les objectifs diplomatiques et les exigences de la recherche scientifique. La Banque Mondiale a réagi après la publication du rapport d'audit en affirmant qu'elle examinait de près les recommandations des experts promettant "de prendre des mesures pour mettre en œuvre les améliorations nécessaires"