Les signataires appellent les électeurs à voter massivement lors des partielles du 24 novembre et à porter le choix sur le RCD et le FFS. Des militants des droits de l'homme, à leur tête Ali Yahia Abdenour, ancien ministre et ex-président de la ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), d'anciens députés, des animateurs du mouvement citoyen en rupture de ban depuis longtemps avec ceux qui ont proclamé d'être passés de “la phase d'affrontement au partenariat” avec le pouvoir et des militants de partis politiques ont décidé de prendre une initiative pour rassembler les forces démocratiques. “Le devoir, la responsabilité et l'intérêt des forces de changement commandent aux parties qui s'opposent aux thèses du pouvoir de dépasser les atavismes pour se retrouver, s'écouter et révéler leur maturité afin de mobiliser une population qui appelle de tous ses vœux le sursaut et le renouveau”, expliquent-ils dans une déclaration rendue publique hier. Cette initiative, qu'il convient sans doute de saluer dans une conjoncture marquée par une inquiétante régression politique, les reniements, l'opportunisme et un recul effrayant des libertés, est motivée, selon ses promoteurs, par le constat fait sur la situation, particulièrement en Kabylie, et le message délivré par les algériens lors du référendum du 29 septembre dernier. Un référendum, disent-ils, marqué par la fraude et le boycott et à travers lequel “le peuple algérien a refusé de donner au président de la république le quitus pour le passé, le blanc-seing pour le présent et le chèque en blanc pour l'avenir”. Dans le même contexte, ils constatent que la décision d'imposer des élections partielles en Kabylie participe de “la manipulation pour entretenir les divisions et les oppositions entre les algériens”, tandis que tamazight est de “nouveau livrée aux marchandages pour servir d'abcès de fixation en vue de dévier les algériens de leurs justes revendications, politiques sociales, économiques et culturelles”. Bref, devant l'incurie du système et comme début à la remise en ordre du pays, les algériens exigent, selon eux, la fin de la paranoïa croissante du pouvoir qui considère l'Algérie comme une forteresse assiégée, toujours victime d'un complot intérieur inspiré par l'étranger. “Elections partielles : votez pour le RCD et le FFS” “Les signataires de la présente déclaration, partageant les colères et les révoltes de leurs concitoyens, renouvellent leur solidarité avec les victimes de toutes les répressions et prennent l'initiative de rassembler tous ceux qui, par des chemins différents, partagent les mêmes valeurs démocratiques et expriment la même analyse de la situation qui prévaut en Kabylie”, notent-ils. Selon eux, cette situation offre une sérieuse opportunité pour instaurer un climat de compréhension, pacifier la parole, accepter les règles de tolérance et de respect de l'autre pour favoriser un dialogue sans préalable ni diktat où se confronteraient démarches, approches ou réflexions susceptibles d'éliminer les divergences afin d'aboutir à un accord. Et pour ce consensus, en somme, entre toutes les forces démocratiques, les signataires appellent d'ores et déjà à une participation massive aux prochaines élections partielles et à porter leur choix sur les forces représentatives de la région, en l'occurrence le RCD et le FFS, car l'enjeu, à leurs yeux, est éminemment politique. “En effet, dans d'autres conditions, le critère de bonne gestion doit retenir l'attention des électeurs pour arrêter leurs positions, ces derniers ne sauraient perdre de vue que pour cette occasion, le vote politique doit l'emporter pour confirmer le refus des thèses césaristes et totalitaires du pouvoir qui multiplie les procédés aussi vils que mesquins pour caporaliser la Kabylie et réduire la contestation en échange de subsides grassement octroyés à ses relais locaux”. Après le “vote-sanction”, c'est l'heure du “vote option”, tel est le slogan de ces militants des droits de l'homme. “La Kabylie, qui a rejeté franchement la charte de l'impunité et de l'amnésie, ne peut se déjuger. Pour cela, l'acte politique du 29 septembre 2005 appelle donc à dépasser les considérations du moment pour participer au scrutin et porter leur choix au cours de ces élections sur les forces qui ont dénoncé la mascarade”, préconisent-ils. KARIM KEBIR