L'article excluant l'élection de responsables de partis politiques ou au sein de l'Etat dans les instances dirigeantes a suscité la colère des congressistes militants au FFS Entre 180 et 200 délégués ont pris part, ce week-end, au 2e congrès national de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), qui s'est tenu à Boumerdès. Des fondateurs de la ligue, des chefs de partis politiques, des anciens ministres et des personnalités politiques et syndicales, à l'exemple de Mokrane Aït-Larbi, Saïd Sadi, Ali Laskri, Ali Rachedi, Abdelaziz Rahabi, Mouloud Lounaouci, Mokdad Sifi, Chérif Belkacem, Taleb Ibrahimi, Ali Kafi, Mostefa Bouhadef et Rachid Malaoui ont participé à l'ouverture des travaux. Celle-ci a été marquée par le discours du président sortant, Ali Yahia Abdenour, qui a dirigé la LADDH depuis sa création en 1985. Excepté deux organisations marocaines des droits de l'homme, les autres invités (Fédération internationale des ligues des droits de l'homme, Reporters sans frontières, Amnesty International, Human Rights Watch, Réseau euro-méditerranéen des droits de l'homme et Forum Vérité et Justice du Maroc) n'ont pas pu rejoindre l'Algérie : l'argument avancé par les organisateurs est “le refus, par les autorités algériennes, de leur délivrer un visa”. Me Yahia Abdenour a néanmoins signalé que son organisation n'a reçu l'autorisation de tenir son congrès que le mardi 20 septembre. Interrogé sur l'absence d'organisations sahraouies des droits de l'homme et de militants sahraouis à cette rencontre, le vice-président de la LADDH a reconnu l'existence d'un “contentieux régional” et de “relations étroites” avec les associations marocaines, avant d'ajouter : “On ne connaît pas les organisations sahraouies.” Dans son intervention, le président sortant a d'abord annoncé son retrait définitif de la direction de la ligue, à l'âge de 85 ans. Il est ensuite entré dans le vif du sujet, en situant la question des droits de l'homme en Algérie dans le temps, en relation avec “le poids du passé et notamment la période du colonialisme”. Selon lui, la torture “n'a cessé de jalonner l'histoire” de notre pays et aujourd'hui, comme hier, “on frappe à l'intérieur” des commissariats de police et des brigades de gendarmerie. Plus précis, Me Abdenour a indiqué que les dirigeants de l'Algérie indépendante ont confondu les concepts de l'Etat, de la nation, du peuple et du droit du peuple à disposer de lui-même. “Le droit du peuple algérien à disposer de lui-même est devenu le droit de l'Etat à disposer du peuple algérien”, a martelé l'avocat. Ce dernier s'est penché sur d'autres sujets intéressant les droits de l'homme comme l'école, dont “la mission reste à penser”, l'université dont “il faut réformer les réformes” et la corruption qui “porte préjudice au développement”. Il a par la suite plaidé pour la liberté et l'indépendance de la justice et pour l'avènement de la démocratie en Algérie. Me Abdenour a, par ailleurs, demandé la libération des journalistes emprisonnés, à leur tête Mohamed Benchicou, et invité les militants de la ligue à défendre le pluralisme syndical et les syndicalistes. Concernant le dossier des disparus, l'intervenant a interpellé le pouvoir en lui demandant de “dire la vérité”. Il a critiqué “la stratégie de l'oubli” du pouvoir et sa charte amnistiante. “Le retour à la paix ne peut se faire que par une conférence nationale”, a suggéré l'intervenant, en remarquant qu'“il y a un fleuve de sang qui divise les Algériens”. Les travaux du congrès ont connu des débats houleux et passionnés autour des nouveaux statuts de la LADDH. Une minorité de congressistes, militants du FFS, se sont opposés en particulier à la disposition rejetant l'élection de responsables de partis politiques ou au sein de l'Etat dans les organes dirigeants de la ligue, et au choix porté sur Me Zehouane pour remplacer le président sortant. Il a fallu l'intervention personnelle de Ali Yahia Abdenour pour calmer les esprits et rappeler certains “principes démocratiques”, concernant le respect et de la minorité et de la majorité. Une conférence de presse est prévue ce matin à Alger, au siège de la LADDH, pour présenter les nouveaux responsables de la ligue, présidée désormais par Me Zehouane, et l'ensemble des documents sur lesquels ont travaillé les commissions, pendant deux jours. Hafida Ameyar