Le Premier ministre a annoncé que l'Exécutif compte réaliser une "évaluation minutieuse" des politiques des salaires, à travers des enquêtes et des études qui toucheront tous les secteurs d'activité. Le gouvernement prévoit une révision de la grille des salaires. L'annonce a été faite, mercredi dernier, par le Premier ministre, ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane. Répondant aux questions des membres du Conseil de la nation dans le cadre du débat sur le plan d'action du gouvernement, le Premier ministre a indiqué que "le gouvernement a pris au sérieux la question de la révision des salaires et l'a inscrite comme un axe important dans son programme. Il traitera de cette question selon une approche participative inclusive, dans le cadre d'une large réforme du système de la Fonction publique". Aïmene Benabderrahmane a annoncé que l'Exécutif compte réaliser une "évaluation minutieuse" des politiques des salaires, à travers des enquêtes et des études qui toucheront tous les secteurs d'activité, y compris le secteur économique. Cette opération, a ajouté le Premier ministre, "est susceptible d'orienter les choix du gouvernement en matière de politiques des salaires et des revenus en vigueur au niveau national". Aïmene Benabderrahmane a souligné que plusieurs facteurs interviennent dans la révision de la grille de salaire, citant, notamment, la productivité, l'inflation et la situation économique et financière du pays. Pour le Premier ministre, "la solution radiale" aux problématiques du pouvoir d'achat et de l'inflation se trouve dans la relance économique et le soutien à la croissance, permettant la création de la richesse et de l'emploi. Il a révélé que le taux d'inflation a atteint 5,1% au mois d'août dernier, contre 4,5% en juillet passé. Selon Aïmene Benabderrahmane, la hausse des prix "est conjoncturelle". Il a expliqué que l'augmentation des prix de certains produits alimentaires importés, comme les légumes secs, était liée, en partie, à la hausse importante enregistrée sur les marchés mondiaux, induite par les retombées de la crise sanitaire. Cette dernière, argue-t-il, a engendré une augmentation des coûts de la production et du fret international, ainsi que des prix de certains intrants et facteurs de production, ce qui a provoqué une hausse des prix des fruits et légumes frais et des viandes, notamment blanches. Chiffres à l'appui, le Premier ministre a indiqué que le coût du fret maritime a connu une forte augmentation. Le prix du transport d'un container de 40 pieds était estimé entre 1 700 et 3 000 dollars avant la pandémie de Covid-19. Ce prix est passé à plus de 10 000 dollars. Aïmene Benabderrahmane a affirmé que l'autosuffisance était le seul moyen de mettre le pays à l'abri de la fluctuation des prix et de la pénurie subite des produits de première nécessité. Certaines études effectuées par des associations ont constaté une forte dégradation du pouvoir d'achat des Algériens ces dernières années. C'est d'ailleurs ce qu'a relevé, récemment, l'Association de protection et d'orientation du consommateur et son environnement (Apoce), qui a publié "un comparatif" entre l'évolution des prix et des salaires moyens entre 2010 et 2021. Cette étude comparative non exhaustive met en exergue le gap de plus en plus profond entre salaires et prix. Elle fait ressortir que la moyenne des prix des biens de consommation et des services a plus que doublé en une décennie (entre 2010 et 2021), tandis que les salaires sont restés figés. "Tous les secteurs de la Fonction publique n'ont pas connu d'augmentation de salaire depuis 2010", constate l'étude, qui conclut que le salaire de 2010 a perdu 50% de sa valeur en 2021 du fait des hausses des prix. Le monde du travail s'est installé depuis quelques années dans une sorte de "pauvreté salariale". La masse salariale dans la formation des revenus des ménages a perdu de l'importance au profit des entrepreneurs individuels. En mars dernier, une étude réalisée par le Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap) et la Confédération générale autonome des travailleurs en Algérie (Cgata) a indiqué qu'un salaire minimum de 81 751,14 DA est indispensable pour assurer les besoins essentiels d'une famille de 5 membres contre 73 027 DA par mois en 2017, soit une augmentation de 8 750 DA.