Les conséquences de la série d'actes pour le moins malintentionnés commis par le Maroc contre l'Algérie, en plus du pinacle atteint avec la rupture des relations diplomatiques décidées par les autorités algériennes, ont abouti à ce qui fera encore mordre un peu plus leurs doigts aux Marocains. Elle a fini par se retourner contre leurs auteurs, la grosse manœuvre consistant à laisser entendre que les autorités marocaines avaient engagé la réflexion, au printemps dernier, quant au renouvellement ou non du contrat de passage par leur territoire du gazoduc Maghreb-Europe, qui dessert l'Espagne. Une information savamment orchestrée par les têtes pensantes du Makhzen, destinée à ébranler Algériens et Espagnols. Tout le monde avait, en effet, compris que c'était clairement une menace brandie par le Maroc dont les relations prenaient à ce moment une très mauvaise tournure avec ses deux voisins. La réplique de ces derniers sur le sujet, expliquant que l'approvisionnement de l'Espagne ne dépend pas intégralement du GME, a fait son effet sur l'autre partie prenante du contrat qui, dès lors, n'avait plus qu'à tenter de rectifier le tir pour laisser entendre, cette fois, que le Maroc ne s'était pas encore penché sur la question du renouvellement du contrat de passage à travers ses terres. Un spectaculaire revirement intervenu après que les deux partenaires que sont Sonatrach et la compagnie espagnole Naturgy eurent fait état du renforcement de leur relation avec l'extension du gazoduc Medgaz dont l'extension entrera en exploitation durant le dernier trimestre de cette année avec 2 milliards de mètres cubes de gaz par an. Les Marocains ont, quant à eux, entrepris depuis plusieurs semaines de convaincre qui le veut, par le biais de quelques canaux d'information bien triés, que leur intention n'a jamais été de remettre en cause la relation qui les lie avec l'Algérie et l'Espagne à travers le GME. Une offensive, pour convaincre du contraire de ce qu'ils soutenaient quelques mois plus tôt, qui a atteint son apogée la semaine dernière avec la sortie de la directrice générale de l'Office marocain des hydrocarbures et des mines (ONYHM), Amina Benkhadra, pour clamer que « le Maroc est pour le maintien du Gazoduc Maghreb Europe, dont le contrat arrive à son terme le 31 octobre 2021 » et de trouver même des vertus au contrat de passage du gazoduc Maghreb-Europe, le qualifiant de «formidable outil de coopération gagnant-gagnant et un exemple de projet régional structurant et mutuellement bénéfique». Finalement, après vingt-cinq ans, le recours au GME pour fournir du GNL à l'Espagne et au Portugal en passant par le Maroc à partir de Hassi R'Mel est interrompu, ont décidé les autorités algériennes dans la foulée de la rupture des relations diplomatiques avec leurs homologues marocaines. La décision a été annoncée jeudi lors de l'entrevue ayant réuni le ministre algérien de l'Energie et l'ambassadeur d'Espagne qui, à l'occasion, a reçu les assurances de son hôte sur l'engagement total de l'Algérie de couvrir l'ensemble des approvisionnements de l'Espagne en gaz naturel à travers le gazoduc Medgaz qui relie les installation de liquéfaction de Béni-Saf au port d'Almeria en Andalousie. À charge maintenant aux conseillers du Makhzen de trouver une solution afin de s'approvisionner en gaz et d'assurer le fonctionnement d'une partie importante du réseau électrique local, d'une part, et de compenser les revenus engrangés grâce au «défunt» GME, d'autre part. Azedine Maktour