L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) avait annoncé, le mois dernier, qu'elle réduirait sa production totale de 1,2 million de barils par jour pour limiter la chute des prix du pétrole. Cependant, cette déclaration de l'Opep n'a pas encore eu beaucoup d'effet sur les prix, car le marché attend toujours des preuves. En effet, les Etats-Unis s'attendent à ce que l'Opep réduise sa production d'une quantité inférieure à ce qui avait été annoncé au cours de l'année, a annoncé mardi le département de l'Energie. La production de pétrole brut de l'Opep va diminuer de près de 800 000 barils par jour par rapport aux niveaux d'octobre pour le reste de l'année 2006, a estimé le département de l'Energie dans un rapport mensuel sur les perspectives du marché du pétrole et du gaz. Le rapport du département a, par ailleurs, ajouté qu'en raison de cette baisse de la production et de la hausse de la demande du fuel de chauffage pour l'hiver, les prix du brut à New York vont augmenter d'environ deux dollars par baril chaque mois au cours des prochain mois. "Les prix du brut devraient tourner autour de 66 dollars par baril en 2006 et 65 dollars par baril en 2007". De son côté le président de l'Opep, Edmund Daukoru, a souligné lundi à Séoul que l'Organisation pétrolière pourrait réviser encore à la baisse sa production cette année afin de faire face à l'offre qui est excédentaire en ce moment sur le marché. Le président du cartel, Edmund Daukoru, qui est aussi le ministre nigérian du Pétrole, a indiqué que le stock du pétrole brut mondial est plus que suffisant tandis que les prix actuels étaient bas et que le marché est surapprovisionné. Une éventuelle réduction de la production lors de la prochaine réunion de l'Opep, prévue le 14 décembre dans la capitale nigériane, ne semble donc pas à écarter d'autant que certains ténors du cartel adhérent à cette démarche. En effet, le ministre saoudien du Pétrole, Ali Al Nouaimi, a déclaré lundi que l'Opep prendra de nouvelles mesures pour réduire sa production de pétrole lors de sa réunion prévue en décembre si les prix demeurent à un bas niveau. "Nous examinerons les chiffres et évaluerons le marché, s'il est déséquilibré, nous prendrons des mesures", a déclaré le ministre à la presse. "Le marché n'est pas équilibré", a-t-il estimé, au regard de la situation actuelle, ajoutant que "les stocks sont très élevés". Abondant dans le même sens, le ministre qatariote de l'Energie, Abdallah al-Attiyah, a indiqué que l'Opep pourrait procéder, en décembre, à une nouvelle réduction de sa production si la chute des prix se poursuit. "Le marché pétrolier n'est pas stable actuellement" malgré la baisse de l'offre décidée par le cartel le mois dernier au Qatar, et "l'Opep pourrait décider une autre réduction de sa production" lors de sa réunion à la mi-décembre au Nigeria, a déclaré le ministre qatariote. L'autre pays membre a s'être exprimé sur le sujet est l'Iran. Le ministre iranien du Pétrole Kazem Vaziri Hameneh a, en effet, déclaré mardi qu'une autre réduction de la production pétrolière du cartel serait possible si la dernière décision en la matière ne parvenait pas à soutenir les prix du brut. Même si tout le monde se défend de vouloir imposer un prix de référence du baril, reste que cette question est la principale préoccupation autant des producteurs que des consommateurs. Soulignant que l'organisation n'a pas de cours plancher ni de marge de fluctuation qu'elle entendrait défendre, M. Edmund Daukoru a néanmoins estimé que le prix de 60 dollars américains par baril ne pourrait pas mettre en danger l'économie mondiale. Il faut dire aussi que les prix moyens hebdomadaires du brut de l'Opep ont chuté de 0,60 dollar américains à 54,16 dollars par baril la semaine dernière, a indiqué lundi le secrétariat du Cartel. Les prix journaliers du pétrole de l'Opep ont conservé la tendance au déclin, et le reste s'est maintenu entre 54,87 et 53, 37 dollars par baril la semaine dernière. Allant à contresens du cartel, le directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), Claude Mandil, a plaidé pour que les prix du pétrole restent "modérés" et retombent "bien en dessous" des 60 dollars le baril. "Toute hausse des prix est un terrible fardeau pour les gouvernements", a souligné M. Mandil lors d'une conférence de presse à Londres, à l'occasion de la publication du rapport annuel de l'AIE sur les perspectives énergétiques mondiales, le World Energy Outlook. "Nous ne devons pas défendre des prix élevés, ceux-ci doivent rester modérés", a-t-il déclaré, avant de préciser qu'il voulait dire par là un baril de brut s'échangeant "bien en dessous de 60 dollars" l'unité.