Depuis l'annonce des prochaines élections locales, prévues pour le 27 novembre, un vent de dissensions internes secoue nombre de formations politiques au fort ancrage dans la région de Béjaïa. Ainsi, la direction nationale du Front des forces socialistes (FFS), qui a opté pour la participation au scrutin du 27 novembre prochain, fait face à une grogne interne exprimée par un groupe de militants "dissidents" qui appellent au boycott de ce rendez-vous électoral. On évoque, dans ce cadre, une vingtaine de sections communales FFS de la wilaya de Béjaïa, dont celles d'Akbou, de Barbacha, de Tifra, de Chemini, de Tibane, d'Aokas, d'Amizour et d'Oued Ghir, lesquelles ont exprimé ouvertement leur rejet des prochaines élections locales. Toutefois, nous avons appris que les responsables de la fédération de Béjaïa comptent établir des listes en dehors de ces structures "dissidentes", en procédant au parrainage de candidats indépendants ou issus d'autres horizons politiques. Faire un maximum de listes en Kabylie est le vrai défi que se lance l'actuelle direction nationale du FFS. "Nous serons présents dans pas moins d'une quarantaine de communes sur les 52 que compte notre wilaya", assure Bachir Barkat, premier secrétaire fédéral du FFS à Béjaïa. Le principal enjeu pour le plus vieux parti d'opposition en Algérie étant de conforter son hégémonie traditionnelle, en s'imposant comme première force politique dans la région. De son côté, le parti rival, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), qui prône le mot d'ordre de rejet des prochaines élections locales, enregistre, lui aussi, quelques remous internes, puisque certains militants ont déjà affiché leur volonté de se porter candidats sur des listes "indépendantes". C'est le cas, par exemple, de l'équipe sortante de l'APC de Taskriout, dans la daïra de Darguina, qui a décidé de briguer un autre mandat électif. En effet, l'actuel P/APC de cette commune, Abdelmadjid Boudjit, d'obédience RCD, est en passe de peaufiner une liste "indépendante" pour participer aux prochaines joutes électorales, a-t-on confirmé auprès des militants RCD de cette région. À noter que la décision prise par ce maire dissident n'a, d'ailleurs, pas manqué de faire réagir le conseil communal du RCD de Taskriout qui a tenu à rassurer, à travers une déclaration diffusée sur les réseaux sociaux, le collectif militant et la population locale : le parti "ne soutiendra aucune liste en lice pour les prochaines élections locales", tout en rappelant la position officielle du RCD. Contacté par Liberté, le président du bureau régional du RCD à Béjaïa, Mohamed Labdouci, qui ne dément pas cette information, se contentera de dire que tout élu ou militant, qui oserait aller à l'encontre de la décision de rejet des élections prise par le conseil national du parti, lors de sa dernière session tenue le 17 septembre à Alger, devrait répondre de ses actes devant la commission communale de la gestion des conflits (CCGC) qui est habilitée à statuer sur ce genre de cas d'indiscipline caractérisée. "Dans ce cas de figure, il s'agit d'une faute de troisième degré, dont l'auteur encourt une mesure statutaire claire, nette et précise, à savoir l'exclusion des rangs du parti", a soutenu notre interlocuteur. Par ailleurs, il y a lieu de signaler aussi que l'Union démocratique et sociale (UDS, parti non agréé), qui compte cinq élus au sein de l'APW de Béjaïa, n'a pas échappé à cette vague de dissidences. Sur ces cinq membres de l'APW sortante, deux élus, Tahar Belkheir et Nasser Tabet en l'occurrence, ont décidé de rejoindre la liste du FFS pour briguer un autre mandat au sein de la même Assemblée de wilaya. En revanche, leur camarade Zahir Attouche, l'un des membres fondateurs de l'UDS, refuse une telle offre, préférant se mettre à l'écart de la chose politique. Pour cet ancien maire de Tibane, l'absence de débat et de concertation au sein des structures de base des partis politiques, y compris ceux de l'opposition et de la mouvance démocratique, a créé un climat de dissidence et de révolte parmi les militants de base. "En démocratie, les décisions sont prises en interne par les militants et non via les réseaux sociaux ou les chaînes de TV. Nous sommes arrivés au point que tout avis contraire à celui du 'chef' ou des 'militants de Facebook' est qualifié de trahison et d'opportunisme. Quel déclin !", a-t-il regretté.