Le ministre du Tourisme et de l'Artisanat, Yacine Hamadi, a annoncé tout récemment, depuis Tamanrasset, la formation d'une commission conjointe avec le ministère du Commerce et de la Promotion des exportations, qui aura pour principale mission de réviser les tarifs des prestations des hôtels et d'œuvrer à leur plafonnement, afin qu'ils soient à la portée des citoyens. Le ministère compte, à travers cette mesure, relancer le tourisme interne en s'appuyant sur l'attraction des touristes et la vulgarisation des grandes potentialités touristiques que recèlent les différentes régions du pays. La tutelle pourra-t-elle mettre en application cette nouvelle politique tarifaire dans une conjoncture économique peu favorable ? "C'est difficile pour ne pas dire impossible", lance, tout de go, Ahmed Oulbachir, président de la Fédération nationale des hôteliers (FNH). Le plafonnement des tarifs des prestations de service peut être envisagé dans une certaine mesure pour les établissements hôteliers relevant du secteur public, affirme notre interlocuteur. "Ce sera, toutefois, difficile pour les hôtels appartenant aux opérateurs privés", soutient-il. Sur le marché, le prix des prestations est déterminé suivant le principe de l'offre et de la demande, explique M. Oulbachir. "Il existe une concurrence loyale, une sorte de compétition entre les hôteliers. Chacun d'eux applique des tarifs qu'il juge rentables pour lui. Ainsi, certains d'entre eux pratiquent des remises de 20%, 24%... D'autres optent pour des packages, des offres spéciales, des forfaits séjour... En plus, les prix diffèrent d'un hôtel à un autre, selon le classement à savoir 2, 3 ou 4 étoiles...", argue le président de la FNH. L'autre argument avancé par notre source, quant à la difficulté de mettre en œuvre une telle décision, a trait à l'arrêt auquel les patrons des hôtels ont été forcés pendant plus de deux ans. "Nous avons été contraints de fermer pendant le Hirak et durant la pandémie de Covid-19. Nous venons juste d'ouvrir après avoir vécu une conjoncture très difficile", remarque M. Oulbachir, précisant ainsi l'inopportunité de penser actuellement à un plafonnement des prix des prestations dans les hôtels. "Nous achetons la pomme de terre à 120 DA le kilogramme, la viande à 1 600 DA, nous payons de manière excessive diverses charges... Il est, par conséquent, inconcevable que l'on nous plafonne les prix", ajoute Ahmed Oulbachir. Pour lui, si les pouvoirs publics veulent rendre accessible le prix des prestations de service dans les structures hôtelières aux clients algériens, ils n'ont qu'à réduire les charges fiscales et parafiscales de celles-ci. "Nous nous acquittons de nombreuses taxes (de séjour, touristique...). Nous payons des charges patronales, la Cnas...", indique-t-il. Le président de la FNH déplore, également, le fait que les hôteliers ne soient pas encore indemnisés par l'Etat, eux qui ont fermé durant toute la période de la crise sanitaire qu'a connue le pays. En effet, ils ont tous mis leurs établissements à la disposition des autorités pendant le confinement. Si tout le secteur de l'hôtellerie est fortement impacté par cette crise sanitaire, les hôtels balnéaires, eux, l'ont subie de plein fouet, puisque plus de 70% sont de nouveaux investisseurs tenus de rembourser leurs crédits bancaires.