Moins de quatre mois après sa désignation, le gouvernement d'Aïmene Benabderrahmane connaît son premier lifting. Ammar Belhimer quitte le ministère de la Communication pour céder sa place à Mohamed Bouslimani. Son collègue de l'Agriculture, Abdelhamid Hamdani, a été remplacé par Mohamed Abdelhafid Henni. Quant au ministère du Travail et de la Protection sociale, il échoit désormais à Youcef Cherfa, qui remplace Abderrahmane Lahfaya. Le communiqué de la présidence de la République qui a annoncé le remaniement ministériel ne fournit aucun détail sur les raisons de ces changements. Mais le limogeage d'Ammar Belhimer, dans l'air depuis un moment, ne faisait plus mystère. L'homme a réussi à mettre quasiment de larges pans de la corporation contre lui. Près de deux années à la tête du ministère, l'homme n'a fait avancer aucun chantier concernant le secteur : ni la loi sur l'information, ni celle des médias électroniques et encore moins celle de l'audiovisuel ou de la publicité n'ont pu voir le jour. Il a sans cesse ajourné l'élaboration des projets de loi qui devaient réguler un secteur laissé en jachère depuis de longues années. Aussi, sans raison apparente, il s'est attaqué à la presse traditionnelle à qui il a prédit la disparition. Il n'empêche que son département a accordé des agréments à des dizaines de nouveaux journaux papier qui bénéficient de la publicité publique par le biais de l'Agence nationale de l'édition et de la publicité (Anep). Pis encore, il a ordonné la fermeture de plusieurs chaînes de télévision privée et a procédé au retrait des accréditations à des chaînes étrangères. Dans une volonté, selon lui, de "promouvoir la presse électronique", Ammar Belhimer a permis la création de dizaines de sites électroniques dont la plupart ne répondent pas aux règles éthiques et déontologiques qui régissent ce métier. Histoire de "donner un coup de pouce" à un certain nombre d'entre eux, il a accordé d'interminables séries d'entretiens, souvent repris par les médias gouvernementaux. Même s'il n'a jamais été journaliste, son remplaçant, Mohamed Bouslimani, 63 ans, est un enfant de la boîte. Il a fait l'essentiel de sa carrière professionnelle dans l'administration du ministère de la Communication jusqu'à son départ à la retraite, il y a quelques années, en qualité de secrétaire général. Autre département touché par le remaniement : celui de l'Agriculture. Abdelhamid Hamdani laisse son poste de ministre de l'Agriculture à Mohamed Abdelhafid Henni, en pleine crise du secteur, dont le marqueur n'est autre que la flambée des prix de la pomme de terre, aliment de base de nombreuses familles. Malgré un volontarisme apparent, les prix de la pomme de terre et du poulet n'ont jamais atteint des prix aussi exorbitants que ces dernières semaines. Une situation qui a fini par susciter une colère sourde chez les consommateurs. Le ministre remercié, qui a fait toutes ses classes au département de l'Agriculture, n'a pas réussi à juguler une crise dont il n'est pas, à vrai dire, forcément le seul responsable, puisque même le ministre du Commerce n'a pas apporté les réponses nécessaires à cette situation. Son remplaçant, Abdelhafid Henni, également du secteur - il a géré l'Institution nationale de la nutrition, de l'alimentation et des technologies agroalimentaires -, réussira-t-il à trouver les mécanismes nécessaires susceptibles de fouetter un secteur si névralgique et lui donner de la visibilité ? Trop tôt pour répondre. Le troisième département touché par le remaniement est celui du Travail. Il échoit désormais à un haut fonctionnaire, en la personne de Youcef Cherfa qui a, en effet, occupé le poste de wali dans plusieurs régions du pays, dont Alger. Il arrive dans un secteur où il aura du pain sur la planche. Outre l'endémie du chômage, il est appelé à gérer des dossiers lourds qui appellent une nouvelle approche, dont les caisses de Sécurité sociale et des retraites qui ne sont pas des moindres.