Organisés en association, ils déplorent la “hogra” dont ils sont victimes. La réalisation du programme de 614 logements APC/CNEP situé dans la commune de Bab Ezzouar, près de l'université Houari-Boumediène, continue à faire des mécontents parmi les bénéficiaires. Abandonné depuis 1989, le projet a été repris il y a quelques mois par l'EPLF Béjaïa. Une convention a été signée le 6 juillet 2002 entre l'APC de Bab Ezzouar, l'EPLF de Béjaïa et la wilaya d'Alger représentée par la direction du logement. Après avoir repris le chantier délaissé durant seize ans, l'EPLF a procédé à des aménagements. Ainsi, selon les postulants, le plan d'aménagement du projet a été modifié et les différents blocs changés. Pour rappel, à ce programme, l'APC a octroyé des décisions d'attribution sous forme de contrat d'engagement pour vente de logement à des attributaires qui ont paraphé avec le promoteur de l'époque, à savoir l'APC. Mieux, ils ont même payé la première tranche de 20% du prix global du logement suivant le typage. Plusieurs entreprises se sont succédé pour l'édification des bâtiments. En 1996, l'un des promoteurs a achevé 100 unités qui ont été attribuées aux demandeurs inscrits sur une liste. Les 514 autres ont été depuis tout simplement abandonnées. L'EPLF de Béjaïa les a ensuite transférées en logements sociaux participatif (LSP) sans que les détenteurs de contrats n'en soient informés. C'est à travers une annonce dans la presse, précisant la nécessité de compléter les dossiers, qu'ils ont su la nouvelle. L'APC, selon les bénéficiaires qui se sont constitués en association dénommée “Hay echahid Mohamed-Boudiaf”, a créé une commission communale et confirmé l'existence de LSP de types F3, F4 et F5. Cette commission était chargée de recevoir les dossiers complétés. Si 146 appartements parmi les 514 étaient fin prêts depuis mars 2004, mais restés toujours fermés, les 368 autres ont été destinés, suivant le verdict du CTC, à la démolition. Dans ce lot, il a été recensé des F4 et des F5. Cependant, les membres de l'association soulignent que l'EPLF de Béjaïa a transformé toute cette partie du programme en F3 uniquement. Décision qui n'a pas été du goût des postulants. Dans une correspondance adressée au PDG de l'EPLF de Béjaïa, datée de juillet 2005, le P/APC de Bab Ezzouar a indiqué : “Les logements F5 du quota dit des 146 logements doivent être inclus dans le cadre du LSP puisque leur construction a été pour une grande partie réalisée avant l'intervention de votre société. Il est également souhaitable de revoir à la baisse les prix des appartements des quotas dits 146 et 100 logements construits aussi, pour une grande partie, avant que votre organisme ne reprenne ce projet pour le finir.” En effet, les adhérents de l'association estiment que les prix des logements promotionnels F4 et F5 édifiés par l'EPLF, fixés respectivement à 400 et 500 millions de centimes, sont excessivement chers en comparaison des coûts arrêtés en 1989. Un F5, affirmera un des postulants, était proposé à 37 millions de centimes à cette époque. Contacté pour plus de précisions à ce sujet, le directeur du logement de la wilaya d'Alger, M. Smaïl, explique que la décision a été prise dans le but de mettre un terme à cet abandon qui a caractérisé l'ensemble des programmes APC/CNEP dans plusieurs régions du pays. Il fallait trouver donc une solution à ce problème qui perdure depuis 16 ans. Selon lui, il fallait proposer aux citoyens, donc aux demandeurs, un programme qui encourage la solvabilité de ces derniers. L'inquiétude des bénéficiaires D'où la décision d'intégrer le projet dans le LSP. Ainsi, le chantier a été repris en étude et en réalisation. Outre, le dispositif de LSP, le type F3 répond, avouera M. Smaïl, parfaitement à la solvabilité du citoyen demandeur puisqu'il bénéficie d'une aide de l'Etat qui peut aller jusqu'à 50 millions de centimes. Un F4 ou un F5 ne peuvent de ce fait être inclus dans la formule LSP d'autant plus que l'une des conditions de réalisation de ce genre de programme exige que le coût du logement ne dépasse pas le seuil de 200 millions de centimes. Or, les prix fixés pour ces logements promotionnels coûtent le double. “Nous avons voulu sauver un programme délaissé pendant 16 ans et répondre à la demande de ces citoyens. Le travail a commencé il y a plus de deux ans par le biais de conseils interministériels avant d'aboutir à cette ultime solution”, soulignera le directeur du logement. Quant aux réactions des membres de l'association, il précisera que les conditionnalités du programme APC/CNEP de 1989 sont caduques. Car, ce programme a changé du promotionnel au participatif. Le demandeur ouvre, selon lui, le droit pour qu'on lui maintienne son logement mais sous de nouvelles procédures. M. Smaïl a, par ailleurs, avancé que l'APC de Bab Ezzouar lui a transmis une liste de l'ensemble des bénéficiaires sous le sceau du LSP. Ceux qui y figurent passeront dans le fichier et seront contactés par le promoteur pour le payement. D'ici à la fin de l'année, quelque 200 logements seront prêts et livrés. Le reste se fera durant le premier et le second trimestres de l'année 2006. Cela étant, les membres de l'association se sentent lésés dans cette opération, eux qui sont restés durant de longues années à attendre leur logement, en vain. “Des bénéficiaires sont décédés sans connaître l'issue de leur projet et sans finir d'équiper leurs logements”, déplorera, déçu, un des éléments de cette organisation. Il n'hésite pas à parler de “hogra” qui dure depuis 16 ans. Devant l'irrévocabilité de la décision prise par les autorités locales, les membres de l'association Hay echahid Mohamed-Boudiaf ne savent plus à quel saint se vouer. Ils n'ont reçu aucun écho de la part des responsables concernés concernant la lettre ouverte envoyée au président de la République au mois d'août dernier. Les différentes démarches effectuées auprès des divers intervenants dans cette opération se sont avérées vaines. D'où leur inquiétude quant à leurs logements. Badreddine K.