Les rédacteurs de la déclaration invitent solennellement les chefs d'Etat et de gouvernement qui vont se réunir à rompre avec le statu quo. Le sommet de Barcelone II, prévu fin novembre 2005, à l'occasion du 10e anniversaire du processus de Barcelone, se prépare dans l'indifférence générale des peuples et des politiques. C'est ce qui ressort d'une déclaration du cercle des économistes et de l'institut de la Méditerranée. “Il faut dire que le bilan de ces dix premières années est particulièrement décevant”, constate le Cercle des économistes et l'institut de la Méditerranée. Fondées sur la zone de libre-échange, les réformes et adaptations, les entrées d'investissements étrangers, la stratégie mise en œuvre a produit peu d'effets. Cette stratégie d'offre, s'appuyant sur la satisfaction de la demande externe, est malheureusement apparue à une période de bouleversements mondiaux, tant de l'ordre économique que politique. “L'absence d'un véritable projet politique l'a, de fait, condamnée au moment où chacun des pays signataires songeait plus à ses propres intérêts”, lit-on dans le texte de déclaration. “Et pourtant, d'immenses enjeux nous attendent”, soulignent les rédacteurs du texte : la sauvegarde d'un espace géographique et culturel central dans l'histoire de l'humanité, une possibilité unique de développement d'un espace de plus de 600 millions d'habitants, la création d'une zone de paix et de sécurité. Mais ces enjeux supposent de mettre en œuvre une exceptionnelle dynamique et une approche politique novatrice : près de 40 millions d'emplois sont à créer dans les 15 prochaines années, réclamant sur cette période une croissance moyenne de 6 % à 7 % l'an. Rappelant les premiers Rendez-vous de la Méditerranée, organisés conjointement par l'institut de la Méditerranée et le Cercle des économistes, qui ont réuni des acteurs des deux rives du bassin, les rédacteurs de la déclaration invitent “solennellement les chefs d'Etat et de gouvernements, qui vont se réunir, à rompre avec le statu quo, à faire preuve de l'indispensable audace et à prendre en compte les considérations suivantes : créer une structure politique euro-méditerranéenne paritaire, dotée d'un secrétariat, tirant les leçons de la genèse du projet européen. Instaurer une communauté euro-méditerranéenne des connaissances et des compétences suivant l'inspiration qui avait présidé à la naissance de la CECA”. Il propose la mise en place d'un système financier et bancaire assaini dans un environnement juridique sécurisé, poursuivant en cela la logique de Barcelone I, l'instituer d'un conseil Ecofin euro-méditerranéen et renforcer les procédures existantes de financement, l'examen de l'opportunité de la création d'une banque euro-méditerranéenne, qui gérerait un fonds mutualisé, pour partie alimenté par Meda et destiné à financer un programme ambitieux d'infrastructures reliant entre eux les pays du Sud et garantissant un large accès des PME aux financements. Le Cercle des économistes et l'institut de la Méditerranée proposent aussi le renforcement de la coopération entre les collectivités locales et territoriales, qui sont les représentants légitimes de la société civile. Pour autant, les rédacteurs du texte avertissent que “toutes ces propositions n'auront d'effets qu'à la condition que les gouvernements des pays du Sud, dépassant leurs divergences, s'engagent résolument à l'unification des marchés nationaux”. Meziane rabhi