Le harcèlement et l'intimidation des journalistes et autres activistes sur les réseaux sociaux se poursuivent. Ainsi, dans l'après-midi de mercredi dernier, le journaliste et militant Abdelwahab Moualek, propriétaire du journal électronique www.bejaia06.com, a été interpellé par des policiers, alors qu'il était dans son magasin, sis au chef-lieu de la commune de Chemini. "Il était 18h, lorsqu'une quinzaine d'éléments de la Sûreté nationale m'ont invité à les suivre au siège de la sûreté de la daïra de Chemini. Au départ, j'ai refusé d'obtempérer, exigeant la présentation d'une convocation, mais devant leur insistance et afin d'éviter d'être embarqué de force, j'ai fini par céder. Une fois au commissariat, on m'a interrogé sur le contenu de mes dernières publications sur les prochaines élections locales, dont ils ont pris le soin de prendre une vingtaine de captures d'écran. Devant mon refus de répondre à l'interrogatoire et de parapher le procès-verbal d'audition, étant protégé par la loi, en ma qualité de journaliste, ils m'ont transféré au commissariat de Sidi Aïch pour un examen de situation. Ce n'est que vers 23h qu'on m'a restitué mes objets personnels et relâché, après un examen médical à la polyclinique de Chemini", a relaté à Liberté le journaliste Abdelwahab Moualek. De son côté, l'administrateur du site d'actualités www.elhogra.com, Merzoug Touati, a reçu, mardi dernier, une convocation de la police de Béjaïa. Après sa présentation au commissariat central de la capitale des Hammadites, on lui a notifié une convocation émanant de la brigade de lutte contre la cybercriminalité relevant de la sûreté de wilaya de Ghardaïa. "Bien que le motif de la convocation demeure inconnu, je suppose que cela doit avoir un lien avec mes publications et ma participation aux actions organisées depuis 2014, en soutien à mes frères militants mozabites, notamment au défunt Kamel-Eddine Fekhar et à Mohamed Baba-Nedjar", a déclaré à Liberté le journaliste Merzoug Touati. Pour rappel, ce dernier avait été arrêté en janvier 2017, puis condamné à 7 ans de prison pour "intelligence avec une puissance étrangère", avant d'être libéré le 4 mars 2019, après le vaste élan de solidarité qu'avait suscité son affaire. Par ailleurs, l'activiste politique et éditeur de la web-radio Sarbacane, Abdelkrim Zeghilèche, vient d'être également convoqué par les services de la police judiciaire de la sûreté de wilaya de Constantine, sans pour autant préciser le motif. C'est dire que les pressions s'accentuent sur ce journaliste qui avait déjà purgé, en 2020, six mois de prison pour "atteinte à l'unité nationale" et "outrage au chef de l'Etat". Enfin, il convient de signaler que le tribunal correctionnel de Béjaïa a rendu son verdict, jeudi dernier, dans le procès des six activistes du Hirak poursuivis pour les deux chefs d'inculpation d'"attroupement non armé" et de "mise en danger de la vie d'autrui durant la période du confinement sanitaire". Fayçal Hamat, Amar Beri, Aziz Makhloufi, Amar Aït Larbi, Yazid Mebarki et Ali Tarzout, qui ont été condamnés à une amende de 50 000 DA, avaient été arrêtés par les forces de police le 30 janvier 2021, alors qu'ils prenaient part à une manifestation de rue organisée dans la ville de Béjaïa.