La Banque d'Algérie tarde à ouvrir la voie vers l'international aux exportateurs. L'instruction de la Banque centrale n°06-2021 du 29 juin 2021 relative aux modalités d'ouverture et de fonctionnement du compte devise commerçant et du compte devise professionnel non commerçant et à la répartition des recettes d'exportation de biens et de services hors hydrocarbures et produits miniers, est qualifiée par l'Anexal, (Association nationale des exportateurs algériens) d'"atteinte à la dignité de l'exportateur". Les adhérents à cette organisation se sentent indignés par cette note notamment dans son article 6 qui exige aux exportateurs de justifier leurs dépenses à l'étranger. L'article 6 stipule : "Les recettes d'exportation de biens et de services rapatriées par toute personne commerçante, sont à inscrire au crédit de son compte devise commerçant. Vingt pour cent (20%) de ces recettes peuvent servir à l'alimentation du compte exportateur, destinés au financement des opérations de promotion de ses activités à l'exportation. Les paiements au titre de cette quote-part sont à justifier auprès de la banque domiciliataire, dans le mois qui suit la date de l'exécution du paiement, par la présentation de tout document commercial probant (facture, note d'honoraires, reçu de paiement...)." "C'est un déni de confiance et une atteinte à la dignité des exportateurs", lance, tout de go, Ali Bey Nasri, président de l'Anexal. "La Banque d'Algérie n'écoute pas les exportateurs. Toutes les propositions que nous avons faites sont restées sans suite", relève-t-il. Pour nous, cette instruction 06-2021 est un recul, une régression par rapport à l'instruction n°05-2011. Car, c'est indigne de demander à des exportateurs de justifier leurs dépenses à l'étranger", affirme M. Nasri qui soutient mordicus qu'aucun pays au monde ne recourt à une telle exigence pour ses opérateurs. Le président de l'Anexal définit cela comme une "suspicion qui pèse encore sur les exportateurs". Pour lui, ces derniers sont traités de "suspects en puissance". L'autre problème soulevé par Ali Bey Nasri a trait à l'ouverture de postes frontaliers terrestres pour l'exportation vers les pays voisins et limitrophes qui, eux-mêmes, ouvriront les portes de l'Afrique au produit algérien qui enregistre une forte demande sur ce continent. Il s'agit du poste de Debdeb dans la wilaya d'Illizi qui permettra l'accès au marché libyen qui reste encore porteur. Celui d'In Guezzam garantira, quant à lui, la promotion des exportations vers des pays comme le Niger. Ces deux postes doivent être lancés urgemment en attendant celui de Bordj Badji-Mokhtar, ouvert par intermittence jusque-là, qui va promouvoir le produit algérien au Mali. Cependant, les producteurs algériens sont impatients de voir la mise en œuvre de la Zone africaine de libre-échange (Zlecaf) qui présente des perspectives prometteuses pour l'Algérie. Car, argue M. Nasri, "l'Algérie n'a d'échanges commerciaux qu'avec 17 pays d'Afrique...". Les exportations algériennes vers ces pays n'ont, selon lui, jamais dépassé les 55 millions de dollars. "Grâce aux produits émergents, tels que le fer, les produits sidérurgiques, le ciment, ce montant peut être multiplié par quatre et peut atteindre les 200 millions de dollars pour cette année", estime le président de l'Anexal. Mieux, avec le lancement de la Zlecaf, "l'on pourra réaliser plus d'un milliard de dollars en exportations hors hydrocarbures vers ce marché", souligne-t-il.