Outre certains responsables des autorités de transition, qui œuvrent pour le report des élections du 24 décembre, des partis et personnalités appartenant au courant islamiste travaillent, eux aussi, pour saper les efforts déployés pour une sortie de crise en Libye. À deux semaines de la tenue des élections générales en Libye, le processus de sortie de crise piloté par l'Organisation des nations unies (ONU) risque de capoter, alerte des membres du Forum de dialogue politique libyen. Prévu pour le 24 décembre, le scrutin présidentiel que certaines parties libyennes veulent reporter est miné par les divisions qui s'accentuent de jour en jour, malgré les avertissements de la communauté internationale et en dépit des engagements fermes des Libyens à respecter le calendrier onusien. Dans une lettre adressée au Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, 17 membres du Forum de dialogue politique libyen lui ont souligné l'urgence et la "la nécessité d'intervenir pour corriger le cours du processus politique, parrainé par les Nations unies, représentées dans sa mission en Libye", ont rapporté les médias libyens. Les auteurs de cet appel estiment que ce processus "est au bord de l'effondrement", ce pourquoi ils jugent qu'il est impératif d'intervenir pour assurer la sauvegarde de la feuille de route de la période de transition pour une solution globale du conflit en Libye, en guerre civile depuis la chute de l'ancien régime de Mouammar Kadhafi, fin 2011. Il s'agit pour M. Guterres, selon cette lettre, "d'accélérer le changement du personnel de la mission, en raison de ce qui se dit autour d'un conflit d'intérêts et du lien présumé de certains de ses membres avec des parties du conflit de manière directe". Les auteurs du courrier demandent à M. Guterres "la divulgation de l'annexe n°13 du rapport du comité des sanctions". Le rôle de l'actuel Conseil présidentiel et du Gouvernement d'union est aussi pointé du doigt, en raison de la volonté de certains de leurs responsables de se maintenir au pouvoir au-delà de la date fatidique du 24 décembre 2021, en s'investissant dans les coulisses et à coup de déclarations ambiguës pour le report des élections générales, qui ne constituent qu'un point de départ pour un nouveau processus de sortie de crise en Libye. En effet, dans la lettre en question, les membres du Forum estiment qu' "il y a une violation de la feuille de route approuvée par le Forum et la résolution 2570 de 2021 du Conseil de sécurité, concernant les tâches du gouvernement d'union nationale et du Premier ministre en tant que parrain, impartial et garant du processus électoral". Pour eux, il y a un grave "manquement du Conseil présidentiel à s'acquitter de ses devoirs conformément à la feuille de route, qui a été mis en évidence par le parrainage du processus de réconciliation nationale, qui, au moins dans la phase préliminaire, aurait dû rassembler les parties en conflit en Libye autour d'un pacte national, pour accepter les résultats du processus électoral". Selon le quotidien libyen Essaa24, citant Hassan Essaghir, ancien ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de transition, le président du Conseil présidentiel, Mohamed al-Manfi, et le chef du gouvernement, Abdelhamid Debeiba, sont en tractations pour former un nouveau gouvernement, en changeant quelques ministres, pour demeurer au pouvoir au-delà du 24 décembre. Ce plan serait parrainé, selon la même source, par des personnalités et des partis du courant islamiste, qui, il faut le rappeler, n'a gagné à aucune élection depuis 2013.