Inédit, le nouveau gouvernement en Allemagne le sera aussi dans sa composition politique. Il réunira pour la première fois depuis les années 1950 trois partis : le SPD, les Verts et le Parti libéral-démocrate (FDP). Deux mois et demi après les élections en Allemagne, le social-démocrate Olaf Scholz a été élu hier chancelier par les députés, ramenant le centre-gauche au pouvoir et refermant définitivement les 16 années de l'ère Angela Merkel. Sur les 736 élus du Bundestag issu du scrutin du 26 septembre, 395 ont voté pour Olaf Scholz, 303 contre et 6 se sont abstenus, lui permettant de devenir le neuvième chancelier de l'Allemagne d'après-guerre. "Oui", a ensuite répondu Olaf Scholz à la présidente du Bundestag, Bärbel Bas, qui lui demandait s'il acceptait le résultat du vote. Le président de la République fédérale, Frank-Walter Steinmeier, lui a ensuite remis son "acte de nomination", marquant ainsi le début officiel de son mandat. Il doit maintenant prêter serment, avec son gouvernement, devant les députés. Son élection ne faisait aucun doute : son Parti social-démocrate (SPD), arrivé en tête aux législatives, dispose d'une confortable majorité (206 sièges), avec ses deux nouveaux partenaires de coalition, les Verts (118 sièges) et les libéraux du FDP (92). Ce vote marque le retrait d'Angela Merkel à l'issue de quatre mandats qui, à neuf jours près, ne lui auront pas permis de battre le record de longévité détenu par Helmut Kohl (1982-1998). Présente dans l'assemblée pour assister à l'élection de son successeur, elle a été longuement applaudie par les députés, la plupart debout, avant l'ouverture de la séance plénière. En réponse, Angela Merkel, masque médical sur le visage, les a salués de la main depuis la tribune d'honneur. Le président français Emmanuel Macron, qui recevra demain le nouveau chancelier, a promis à Olaf Scholz d'écrire "la suite ensemble" tandis que la présidente de la Commission européenne, l'Allemande Ursula von der Leyen, entend travailler avec lui "pour une Europe forte". Le Kremlin a souhaité quant à lui "une relation constructive" avec le nouveau chancelier au moment où les tensions sont fortes entre l'UE et Moscou. Angela Merkel, qui a reçu des hommages en cascade ces dernières semaines, quittera définitivement la chancellerie après une cérémonie de passation des pouvoirs dans l'après-midi avec Olaf Scholz, son adversaire politique mais aussi, jeu des alliances oblige, son ministre des Finances et vice-chancelier ces 4 dernières années. La dirigeante, au faîte de sa popularité il y a peu encore, met un terme à 31 ans de carrière politique. Féministe convaincu, Olaf Scholz prendra à sa suite les rênes d'un gouvernement composé pour la première fois d'autant d'hommes que de femmes. Trois d'entre elles seront à la tête de ministères clés : les Affaires étrangères pour l'écologiste Annalena Baerbock, la Défense et l'Intérieur pour les deux sociales-démocrates Christine Lambrecht et Nancy Faeser. Inédit, le gouvernement le sera aussi dans sa composition politique. Il réunira en effet pour la première fois depuis les années 1950 trois partis : le SPD, les Verts et le Parti libéral-démocrate (FDP). Ces trois formations sont parvenues rapidement à s'accorder sur un programme qui fait la part belle à la protection du climat, la rigueur budgétaire et l'Europe. Christian Lindner, le dirigeant des libéraux et parangon de l'austérité budgétaire, doit d'ailleurs prendre la tête du puissant ministère des Finances.