Sur 121 sièges composant le Conseil national de transition, l'armée s'est octroyé d'avance 22 sièges. Lors du vote d'hier, il n'y a eu aucune autre candidature en dehors de celle du numéro 2 de la junte, le colonel Malick Diaw, pour briguer le poste de président de ce conseil. Les militaires maliens ont pris le contrôle du Conseil national de transition (CNT), après l'élection du colonel Malick Diaw, lors de la première réunion de cet organe, dont la composante a provoqué des réactions hostiles, signe d'une nouvelle crise politique à l'horizon au Mali. Le conseil, qui compte 121 sièges et regroupe des partis politiques, des représentants de la société civile, des syndicats et des militaires, était réuni à Bamako pour sa session inaugurale, mais sans la participation de certains acteurs importants, dont la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, ex-rébellion touarègue) et du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), qui ont accouché vendredi soir de deux communiqués tranchants. Dénonçant leur marginalisation et "la politique du fait accompli", les ex-rebelles ont annoncé leur retrait pur et simple du CNT. "La Coordination des mouvements de l'Azawad apprend avec une grande surprise la décision des Autorités de transition par laquelle elles arrêtent la répartition des sièges au sein du CNT suivant l'absurde concept du fait accompli et cela, en dépit des engagements consensuels pris entre parties", lit-on dans le communiqué de la CMA, qui dénonce le "quotas insignifiant qui lui a été alloué au sein du CNT". Pour la coordination signataire de l'accord de paix et de réconciliation, issu du processus d'Alger, elle affirme "ne point pouvoir évoluer dans un environnement animé par des acteurs très peu respectueux de leurs engagements", ajoutant qu'"en conséquence (...) se voit obligée de surseoir purement et simplement sa participation au processus de mise en place du CNT et ce, jusqu'au rétablissement de la confiance et du compromis". Si le retrait de la CMA du processus politique à Bamako semble être sans effet sur les militaires maliens dans leur jeu politique, il risque toutefois d'avoir des conséquences fâcheuses sur la poursuite de la mise en œuvre de l'accord de paix dans le nord du Mali, qui échappe quasiment au contrôle de l'Etat malien. Pour sa part, le M5-RFP a affirmé n'avoir "fourni aucun dossier de candidature" et donc "n'a par conséquent aucun représentant au Conseil national de transition et dénie à quiconque de se réclamer de lui", lit-on dans un communiqué de son comité stratégique. "Le M5-RFP, qui refuse de servir de faire-valoir à un régime militaire déguisé, a unanimement décidé de ne pas participer au Conseil national de transition (CNT) dans le format proposé. Par conséquent, le M5-RFP dénie à quiconque d'y participer en son nom et met en garde les autorités de la Transition contre toute manipulation visant à associer son nom à cette mascarade", a rappelé ce mouvement dirigé par le leader religieux l'imam Mahmoud Dicko, citant sa déclaration en date du 4 novembre dernier. La mise en place d'un Conseil national de transition a été inscrite dans la charte de transition. Mais les militaires maliens, qui ont renversé l'ancien président Ibrahim Boubacar Keïta le 18 août dernier, ont verrouillé petit à petit le jeu, en propulsant dans un premier temps Bah N'Daw, un ancien militaire à la retraite, à la tête de la présidence de transition et en lui plaçant le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, comme vice-président. Dans un second temps et sous la pression des pays de la région, de l'Union africaine et de l'ONU, ils ont publié jeudi une liste sur mesure des membres du CNT, dénoncent plusieurs voix au Mali, ce qui annonce une nouvelle période d'incertitudes politiques sous le ciel de Bamako pour les semaines à venir.