Les derniers chiffres communiqués, hier, par les responsables du CHU de Béjaïa, font état de 85 patients hospitalisés dans les différents services dédiés à la Covid-19, dont 9 cas au service de réanimation. Samedi 11 décembre 2021. Il est 12h45, une foule compacte se rassemble devant le portail principal du centre hospitalo-universitaire Khellil-Amrane de Béjaïa. Des agents de sécurité interne, épaulés par deux policiers en uniforme, tentent de contenir le mouvement de ces nombreuses familles venues rendre visite à leurs patients hospitalisés dans les différents services de cet établissement hospitalier. À 13h, le portail s'ouvre, et c'est le branle-bas de combat. Au milieu des cris et des bousculades, une procession humaine se rue vers les services. Devant ce flux de visiteurs, les agents de sécurité se disent dépassés et incapables de maîtriser la situation. Une fois à l'intérieur du pavillon des urgences, la foule se retrouve face à un autre dispositif de contrôle composé de deux autres agents de l'ordre postés devant une porte étroite menant aux services. En un laps de temps très court, la tension monte de plusieurs crans. Une vive altercation verbale éclate entre les deux employés de l'hôpital et des citoyens excédés par la longue file d'attente. Au milieu de la foule, un agent de sécurité malmené tombe par terre. Alerté, le coordinateur des paramédicaux, Hafid Boudrahem, arrive pour tenter d'apaiser les esprits. Il aura fallu faire appel à un renfort de police pour remettre de l'ordre dans le pavillon des urgences. "Ce qui se passe chez nou est vraiment désolant. On nous oblige à demander l'intervention des forces de l'ordre pour faire régner la sérénité dans notre hôpital. Nous appelons, encore une fois, nos concitoyens à faire preuve de sagesse, de raison et de civisme en respectant les consignes des autorités sanitaires", lâche, d'un air furieux, M. Boudrahem. Et d'ajouter : "En dépit de cette flambée épidémique et des ravages que fait cette 4e vague de la pandémie, des familles entières viennent massivement à l'hôpital. Et pourtant, la Direction générale de notre CHU a affiché une note interdisant les visites aux malades." Plaidant pour une vaccination obligatoire, notre interlocuteur lance de nouveau un appel à la population béjaouie en les invitant à se faire vacciner en masse, "car c'est le seul moyen de se protéger contre ce maudit virus"."Il faut savoir que l'écrasante majorité des patients hospitalisés pour Covid-19 sont des personnes non vaccinées. Autrement dit, les gens ayant fait le vaccin, comme moi par exemple, n'ont présenté aucune forme grave de la maladie. Ils sont d'ailleurs pris en charge chez eux par notre équipe médicale chargée de l'hospitalisation à domicile", a-t-il soutenu. Au quatrième étage de l'immeuble abritant l'hôpital Khellil-Amrane, le service de neurochirurgie accueille, à lui seul, 25 patients atteints de la Covid-19. Devant la porte d'accès au service, un jeune infirmier en uniforme de protection s'accroche avec un groupe de citoyens qui voulaient s'y introduire, afin de s'enquérir de l'état de santé de leurs proches souffrant de cette maladie infectieuse. "Vous n'êtes pas autorisés à accéder au service. C'est un lieu à risque de contamination, d'autant que vous ne portez aucun moyen de protection. Seuls les garde-malades sont acceptés sous conditions dans le service Covid-19", affirme avec insistance l'homme en blouse blanche devant des interlocuteurs visiblement inflexibles. Ces derniers ne veulent rien savoir. Ils comptent aller jusqu'au bout de leur logique. La discussion devient de plus en plus houleuse. D'ailleurs, elle a failli tourner au vinaigre, n'était l'intervention des agents de sécurité et d'autres fonctionnaires attirés par le vacarme. "Chaque jour que Dieu fait, nous sommes confrontés à ce genre de situation, où nous sommes appelés à gérer des faux problèmes et tenter de calmer les esprits et éviter l'irréparable. Notre personnel soignant, déjà en état d'épuisement professionnel, fait face à la violence verbale et aux dépassements souvent inacceptables de certains visiteurs et accompagnateurs de malades qui font preuve de manque de civisme et d'impolitesse grossière", nous dira Hafid Boudrahem. Selon notre interlocuteur, les altercations verbales, parfois houleuses, entre les agents de sécurité de l'hôpital et des citoyens réfractaires au port obligatoire du masque, sont quasi quotidiennes. Devant l'entrée de la morgue de l'hôpital Khellil-Amrane, on a eu à remarquer un défilé d'ambulances venues transporter les corps des victimes de la Covid-19. La levée des dépouilles mortelles s'effectue en présence des éléments de la sûreté de wilaya de Béjaïa qui veillent au respect des procédures qu'exige le protocole sanitaire mis en place par les autorités sanitaires. Pas moins d'une dizaine de corps de victimes du coronavirus ont été mis en bière durant ce week-end, déplore-t-on au niveau de la morgue du CHU de Béjaïa. Dans la seule journée du vendredi 10 décembre, il a été enregistré sept nouveaux morts de la Covid. Le lendemain, il a été dénombré trois autres victimes, dont le chef d'agence d'air Algérie de Béjaïa, âgé de 51 ans, décédé au service de réanimation Covid-19. Les derniers chiffres communiqués, hier, par les responsables du CHU de Béjaïa font état de 85 patients hospitalisés dans les différents services dédiés à la Covid-19, dont 9 cas au service de réanimation, 5 femmes enceintes et 5 enfants admis à la clinique d'accouchement 64- Lits de Targa Ouzemour. C'est dire que le nombre des contaminations par le coronavirus ne cesse d'augmenter de jour en jour.