L'opération de relogement des occupants du vieux bâti à Béjaïa, lancée par les autorités locales depuis le 20 décembre dernier, se heurte à un mouvement de contestation de plusieurs familles concernées. En effet, des centaines d'habitants des vieux quartiers de la ville des Hammadites, dont les maisons sont menacées d'effondrement, refusent de quitter les lieux et de rejoindre le nouveau pôle urbain d'Ighzer Ouzarif, situé dans la commune limitrophe d'Oued Ghir. Les contestataires qui voulaient organiser, mercredi matin, un sit-in devant le siège de la wilaya, se sont retrouvés face un impressionnant dispositif policier qui quadrillait le centre-ville de Béjaïa. Face à cette intervention musclée des forces de police qui occupaient les alentours du siège de la wilaya, les citoyens protestataires se sont repliés à une vingtaine de mètres de là pour se rassembler devant le parking de la direction de la jeunesse et des sports (DJS). "Nous demandons l'arrêt en urgence de cette opération qui s'apparente à une véritable mascarade. Nous voulons discuter avec le wali en personne, étant donné que les autres responsables ont opté pour la fuite en avant !", fulminent les manifestants qui dénoncent l'attitude des autorités locales. "Ils sont venus inopinément avec la police et des camions à ordures pour nous déloger de force et transporter nos affaires vers des logements sans commodités implantés dans le site d'Ighzer Ouzarif. Ils nous prennent pour du bétail", tempête Rachid Slimani, l'un des représentants des familles contestataires. Usant d'un ton ferme, notre interlocuteur affirme que la majorité des familles habitant les quartiers Les Bâtiments et le plateau Amimoune possède des actes de propriété, du coup, elles refusent les logements sociaux à caractère locatif. "On ne peut pas parler de logements RHP (résorption de l'habitat précaire), dès lors que nous n'habitons pas des bidonvilles. Nous refusons d'être relogés dans des logements à caractère locatif (LPL)", a-t-il soutenu. Un autre délégué des manifestants, Habib Kemdjane, avocat de son état, s'insurge contre les meneurs de cette opération de relogement qui, selon lui, n'ont même pas respecté l'intimité des familles. "En réalité, ce sont les assiettes foncières de nos quartiers qui sont convoitées par la mafia du foncier. Qu'ils sachent que ces terrains nous appartiennent et que nous ne sommes pas prêts à céder nos droits", a-t-il ajouté.