Constitué de militants politiques, de familles de détenus d'opinion, d'avocats, de journalistes et d'acteurs de la société civile, ce front se donne, entre autres missions, celle de lutter pour la libération des détenus d'opinion et leur réhabilitation. Plusieurs militants politiques, universitaires, avocats, journalistes, familles de détenus et personnalités de tous bords se sont réunis, hier, au siège du RCD, pour la création d'un front contre la répression et pour les libertés. À l'ordre du jour : préparation de la charte de proclamation. Selon Ramdane Youcef Taâzibt, cadre du PT, l'objectif de la création de ce front, dont la proclamation se fera vraisemblablement en janvier 2022, s'articule autour de quatre grands axes dont le premier est la libération de tous les détenus d'opinion, avec leur réhabilitation dans leurs droits. Le deuxième axe a, quant à lui, trait au respect de l'exercice des libertés individuelles et collectives, alors que le troisième point concerne l'ouverture du champ politique et médiatique, une vieille demande de l'opposition. Le quatrième axe est, pour sa part, relatif à l'abrogation des lois liberticides qui pèsent, selon lui, comme "une chape de plomb" sur l'exercice démocratique, pourtant reconnu par la Constitution. Parmi les participants à cette réunion, qui se veut la plus large possible, figurent d'anciens cadres de partis politiques, tels que Saïd Khellil, des militants comme Ouamar Saoudi, cadre du RCD, des représentants du parti de Zoubida Assoul, l'Union pour le changement et le progrès (UCP), l'ancien député Khaled Tazaghart, des membres du Pacte pour l'alternative démocratique (PAD), des représentants du FFS, du PT et du PST, ainsi que des avocats, à l'instar de maître Yamina Alili ou encore du vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (Laddh), Saïd Salhi. Cette initiative, rappelle-t-on, fait suite à l'appel lancé par les forces de l'alternative démocratique (PAD) rendu public le 1er novembre 2021 pour la construction d'un front contre la répression et pour la défense des libertés. La naissance de ce front intervient dans un contexte marqué par des arrestations tous azimuts contre des militants et des hirakistes, à travers plusieurs régions du pays. Il ne se passe pratiquement pas un jour sans que des activistes jeunes et moins jeunes, des personnes âgées, des femmes ou encore des universitaires soient interpellés, convoqués ou placés sous mandat de dépôt. Cas unique en son genre, à Annaba, une fille d'à peine 14 ans a été convoquée, cette semaine, par le procureur de la République près la cour d'Annaba pour s'expliquer, le 29 décembre prochain, sur sa participation aux marches du Hirak. Elle est accusée d'"attroupement non armé susceptible d'attenter à l'ordre public". Une affaire qui a provoqué l'indignation au sein de l'opinion, alors que des avocats s'étonnent qu'une mineure soit convoquée par un tribunal pénal. "C'est un véritable tsunami qui s'abat sur les militants, les activistes et les hirakistes. Nous assistons à une déferlante contre les libertés citoyennes, pourtant garanties par la Constitution", s'indigne, à ce propos, Aoumar Saoudi, à l'issue de la réunion de préparation de la charte pour le Front contre la répression et pour les libertés. Pour lui, ce front "est devenu, au vu des atteintes caractérisées contre les libertés, indispensable et urgent". "C'est l'exercice politique qui est aujourd'hui criminalisé. C'est une atteinte grave aux lois de la Constitution", s'offusque-t-il. Pas moins de 300 personnes de tous âges croupissent, à ce jour, en prison, selon le Comité de libération des détenus (CNLD). Parmi les détenus, beaucoup sont placés sous mandat de dépôt, en attendant leur procès. Atteinte à l'unité nationale, incitation à attroupement non armé, diffusion d'informations mensongères sur les réseaux sociaux, atteinte aux symboles de l'Etat sont autant de chefs d'inculpation qui se suivent et se ressemblent contre femmes, hommes, universitaires, journalistes ou encore personnes âgées.