Le quartier Fonal de Khemis Miliana risque gros. Les habitants puisent l'eau, qui n'a pas coulé dans les robinets depuis la mi-octobre, d'une fosse. Le quartier Fonal, en retrait de la commune de Khemis Miliana avec plus de 400 habitations, vit dans la marginalisation la plus totale. Ce ramassis de maisons construites durant les années 1980 pour combler une demande de plus en plus pressente de logements est actuellement dépourvu de toutes les commodités. Ni salle de soins, ni terrain de jeux pour les enfants, ni commerce. L'unique école de Oued Rayhane est située en contrebas, le long de la voie ferrée, acculant les enfants scolarisés à une longue trotte. Distante de 4 km du centre-ville, les habitants utilisent des taxis clandestins pour leurs déplacements, l'achat de bouteilles de gaz butane, de sacs de semoule ou pour l'évacuation d'un malade et ce, à raison de 150 DA la course. Mais ce qui corse le tout est, sans doute, le manque d'eau depuis la mi-ramadan. Selon les responsables de la commune, la pompe électrique nécessite son remplacement. Durant toute cette période, seulement une citerne a été envoyée au quartier. Tous les habitants puisent leur eau d'une source “bâtarde” qui est apparue lors de l'opération d'élargissement de la route. Un trou béant d'où les enfants, chargés de cette corvée, remplissent leurs jerrycans en se servant d'une tasse sale. On a constaté de visu le risque de maladie à transmission hydrique car l'eau est saumâtre et a un goût étrange. Si les plus avertis et ceux qui disposent de véhicules l'utilisent uniquement pour les travaux ménagers, car ils apportent de l'eau potable de Khemis Miliana, les autres se contentent de la boire. Un habitant nous a fait part de la diarrhée qui a touché ses enfants. Parfois, des bagarres ont lieu face à la fosse à cause de la forte demande. Un riverain nous prie de visiter sa demeure où, suite au manque d'eau, les toilettes ne sont plus utilisées ; tous les membres de sa famille font leur besoin dehors. La collecte d'ordures est quasiment absente, 4 endroits sont utilisés comme dépotoirs, d'où la profusion de moustiques, de mouches et de puanteurs. Un habitant, O. Y., attend depuis 1984 le branchement en électricité en nous exhibant toutes ses demandes et l'acte de propriété. Les jeunes, en majorité des chômeurs, sont des laissés-pour-compte. L'un d'entre eux avance : “On est loin de la RN4, donc loin des yeux. Alors, qui s'en soucie ?” Les habitants demandent à ce que le tronçon menant à l'école Oued Rayhane soit goudronné pour ne pas obliger les gosses à faire une longue distance quand il pleut. Dire que le château d'eau est juste à quelques mètres ! MOHA B.