Les prochaines élections présidentielles en France sont-elles une affaire purement franco-française ? Dès le commencement de la course à la présidence en France, une course électorale sans merci, un acteur primordial s'est imposé. Tantôt il oriente les débats houleux, tantôt il régule les courbes des sondages du premier tour. Cet acteur incontournable n'est que l'Algérie. La présence de l'Algérie dans ces élections est décisive. Influente. Dérangeante. Belliqueuse. Batailleuse. Elle est le sujet récurrent dans les discours de tous les candidats à ces élections présidentielles. L'Algérie est la fois le sujet et l'acteur de ces élections. Il faut suivre les débats sur les plateaux des télévisions françaises pour percevoir le poids de la présence de l'Algérie dans toutes ses facettes. De la gauche classique jusqu'à l'extrême droite, en passant par les républicains et les islamo-gauchistes, dès que le sujet de l'immigration est posé, les Algériens sont mis à l'index. Dès que le sujet du terrorisme est posé, l'Algérie est désignée. Depuis que la course à la présidence a débuté, l'Algérie est revenue sur la scène politique française à travers le sujet des harkis. Comme à chaque occasion électorale, on ressort ce sujet vieux comme la Guerre d'Algérie pour en faire un nouveau débat. La Guerre d'Algérie. Bien que l'indépendance soit une réalité politique âgée de soixante ans, ce sujet pèse sur le discours des candidats à la Présidence. La nouvelle classe politique française n'a pas pu tourner la page de cette épreuve historique douloureuse. Encore une fois, en pleine course à la présidence, on ouvre le dossier des archives avant même la date butoir dictée par les lois françaises. Soixante-cinq ans après, on fait les élections par et à travers les archives de la Guerre d'Algérie ! Une bombe à retardement. Un sujet sensible qui cache de mauvaises surprises et recèle des secrets de la guerre et de l'avant-guerre d'Algérie. En ces élections présidentielles françaises, la guerre des mémoires a remplacé celle des chars. L'Histoire de l'Algérie est omniprésente dans cette course électorale et la naissance de la nation algérienne n'est pas épargnée. On dissimule une défaite qui prouve que la nouvelle génération politique n'a pas su cicatriser ses blessures. La présence de l'Algérie dans ces élections présidentielles n'est pas liée uniquement aux sujets de la mémoire, de l'immigration, du terrorisme ou de la Guerre de Libération. Elle a aussi à voir avec le parcours personnel de quelques candidats. Eric Zemmour, fils de Wrida, est un juif algérien. Arnaud Montebourg, président de l'Association France-Algérie, est le fils de Leïla Ould Cadi, née à Oran. Jean-Luc Mélenchon est né à Tanger de parents d'origine pieds noirs d'Algérie. Marine Le Pen, dont le père n'est autre que Jean-Marie Le Pen, engagé dans l'armée française lors des guerres d'Algérie, d'Indochine et de la crise de Suez... Par l'histoire personnelle de chacun de ces candidats, une autre histoire de sol et de sang se fait jour. Le débat autour de l'image de la France de 2022 ne peut échapper à celle de l'Algérie. Et pour séduire l'électorat franco-algérien qui représente une réalité considérable dans les élections présidentielles, comme à l'accoutumée, la visite des candidats favoris est attendue en Algérie. Un pèlerinage politique obligé ! L'Algérie est grand électeur dans ces élections présidentielles françaises. Elle vote en s'imposant comme sujet tous les débats fâcheux. Elle vote en faisant bouger les lignes politiques entre les partis, les parties et les personnalités influentes. Elle vote par la visibilité sociétale de sa communauté.