Le ministre a souligné la nécessité de trouver des moyens en vue d'assurer la disponibilité des livres aux enfants démunis. Dans une visite d'inspection dans les écoles d' Adrar à la veille de l'Aïd, Boubekeur Benbouzid a constaté que la moitié des élèves n'a pas de manuels. L'indisponibilité des ouvrages n'étant pas à l'origine de leur privation, il se trouve que ces écoliers sont pauvres, si pauvres que leurs parents sont dans l'incapacité de leur offrir des livres. Le ministre de l'éducation se rend à l'évidence. “Beaucoup de parents n'ont pas la possibilité d'acheter des livres à leurs enfants”, a-t-il observé hier au cours de son déplacement à l'Institut national de recherche en éducation. Devant les 25 membres de la Commission nationale des programmes (CNP) réunie en session ordinaire, le représentant de l'Exécutif a pris l'engagement de sensibiliser sa tutelle afin d'aider les ménages déshérités à acquérir des manuels à leur progéniture. En dernier recours, il compte solliciter l'aide du président de la République. “Il faut trouver une solution. Le livre doit devenir obligatoire”, martèle M. Benbouzid. L'allocation scolaire étant utilisée, selon lui, à d'autres fins (les besoins des familles pauvres sont nombreux), il suggère d'autres moyens pour assurer la disponibilité des livres au profit des enfants démunis. Pour l'heure, aucune alternative n'est précisée. Cependant, le ministre inscrit cette préoccupation dans une série de challenges qu'il s'est fixés dans le chapitre du manuel. Dans cette perspective, il s'attelle à prévenir la pénurie qui a constitué le point noir de la rentrée de septembre. “Les livres doivent être disponibles dans les établissements avant la fin de l'année scolaire”, promet-il. Aussi, de nombreux intervenants, à leur tête l'Office national des publications scolaires (ONPS), sont mis à contribution afin de relever ce défi. Dans une mise au point à la presse, le directeur de cette entreprise, M. Lahcène Lagha, a précisé que ses entrepôts regorgent de livres, restitués parce qu'ils n'ont pas trouvé preneur. Il a également rejeté la faute sur les éditeurs privés qui assurent l'impression de quelques manuels du niveau élémentaire et qui n'ont pas rempli leur part du contrat. Le ministre, tout en se gardant pour le moment de rompre le marché, entend bien les rappeler à l'ordre. En revanche, il s'est montré plus indulgent en direction des membres de la CNP. En charge d'accompagner la réforme grâce à l'élaboration de nouveaux programmes, ils accusent du retard dans le parachèvement de leur mission. “À la fin du mois de novembre, le contenu des manuels doit être remis à l'ONPS pour impression”, les a-t-il priés. Auparavant, la CNP doit valider les programmes de la 2e année secondaire. Il en découlera 27 livres que l'entreprise publique d'édition scolaire doit préparer avant juin. En tout, 51 ouvrages, dont une partie du primaire et du moyen, sont au programme de l'ONPS. La qualifiant d'étape charnière dans la progression de la réforme, la mise en place des nouveaux programmes suscite un vif intérêt de la part du ministre. Selon lui, de grands pas ont été accomplis. Dans deux années, les programmes de tous les paliers seront prêts en principe. Faisant écho d'une “véritable stratégie”, M. Benbouzid révèle qu'avant 1998, année où la CNP a été mise en place, l'élaboration des programmes en vogue déjà depuis 1981 était l'apanage de deux inspecteurs chapeautés par un sous-directeur central. Désormais, la tâche étant confiée à un comité d'experts au sein de la CNP, deux repères les guident. Il s'agit des cadres référentiels politique et pédagogique. Le premier avait été tracé par le Conseil des ministres du 30 avril 2002 et consolidé par un autre cet été. Il appelle à la promotion des constantes religieuse et linguistique (l'enseignement de l'arabe sera doté d'une inspection générale, alors que tamazight sera examiné au bac en qualité de matière optionnelle), ainsi qu'historique (les cours d'histoire seront dispensés dorénavant à partir de la 3e année primaire). Le guide pédagogique (élaboré par la CNP) est, quant à lui, destiné aux concepteurs des programmes. Il définit le canevas de rédaction. Ce document est appelé à les accompagner pendant longtemps car, selon le ministre de l'éducation, les programmes seront en éternelle mutation. À cet effet, et dans l'objectif de faciliter le travail des membres de la CNP, M. Benbouzid va proposer un décret à l'Exécutif pérennisant les missions de la CNP. En attendant, il a décidé de proroger leur mandat, qui arrive à terme, de huit mois. Il a, en outre, promis de faciliter leur détachement des postes qu'ils occupent actuellement et de les envoyer en formation à l'étranger. Enfin, une rallonge budgétaire d'un milliard de centimes est accordée à la CNP au même titre qu'une aide de l'Union européenne de 17 millions d'euros. Par ailleurs, le ministre compte mettre en place une commission d'évaluation des programmes et des manuels, une fois distribués dans les écoles, afin de lui rendre écho de leur efficience. SAMIA LOKMANE