Des informations publiées par la presse font état de la visite prochainement en Algérie du rapporteur de la commission des droits de l'homme de l'ONU, chargé de la liberté d'expression. Selon ces informations, le responsable onusien a inscrit l'affaire Mohamed Benchicou, directeur du journal Le Matin, détenu à El-Harrach depuis le 14 juin 2004, au titre des “dossiers lourds” qu'il compte évoquer avec ses différents interlocuteurs. Tout en soulignant son importance, le comité Benchicou pour les libertés estime que cette visite s'inscrit en droite ligne de la mobilisation citoyenne, en Algérie d'abord, de celle des grandes ONG et des associations de défense des journalistes dans le monde qui se relaient efficacement, à travers les campagnes menées à ce jour, pour exiger la libération de Mohamed Benchicou. La stratégie de la tension à l'œuvre depuis plus d'une année, et qui a culminé avec l'incarcération d'une des plumes les plus prestigieuses du pays, ne laisse plus de doute quant à la volonté du régime algérien de mettre au pas les médias, à travers un harcèlement méthodique exécuté par l'appareil judiciaire ainsi instrumentalisé à des fins politiques. Ces pratiques antidémocratiques s'appuyant sur une loi des plus archaïques en matière de liberté de presse a valu, d'ailleurs, à l'Algérie d'être rétrogradée, en l'espace de quelques années seulement, au rang des Etats les plus liberticides dans le monde, la plaçant du même coup sous les projecteurs de la communauté internationale elle-même. Aussi le comité Benchicou pour les libertés se félicite-t-il de l'intérêt porté à l'affaire Benchicou et sa prise en charge par l'instance des droits de l'homme. Pour le comité, cet intérêt revêt une double signification : il traduit la préoccupation de la communauté internationale devant le recul manifeste de la liberté de la presse et face auquel celle-ci entend agir, en rappelant d'abord, à l'Algérie son devoir de se conformer à ses engagements internationaux en la matière : il s'agit précisément de faire entendre aux dirigeants algériens du moment qu'il serait illusoire de croire qu'ils pourraient ainsi continuer à “casser du journaliste” à huis clos et dans l'indifférence générale. Il se veut ensuite un message clair à l'adresse des journalistes algériens que la communauté internationale voudrait ainsi assurer du soutien dans leur combat pour la liberté de la presse en Algérie et pour lequel Mohamed Benchicou, justement, paye aujourd'hui de sa propre liberté. Alger, le 9 novembre 2005 LE COMITE BENCHICOU POUR LES LIBERTES