Au 14e mois de sa détention, Mohamed Benchicou continue à fréquenter les tribunaux : pour la 27e fois depuis le 14 juin 2004, Ie directeur du Matin est extrait de sa cellule à El-Harrach pour répondre de ses “méfaits” devant le juge d'appel dans pas moins de quatre procès en diffamation. Parmi ces procès inscrits au rôle ce mercredi 20 juillet, l'affaire dite “Chakib Khellil”. Pour rappel, le tribunal de première instance avait condamné, le 19 avril dernier, Mohamed Benchicou et les journalistes Yasmine Ferroukhi et Youcef Rezzoug du Matin à 3 mois de prison ferme pour des écrits jugés diffamatoires à l'égard du ministre de l'Energie et des Mines. Cette condamnation, faut-il encore le rappeler, a donné le la aux tribunaux qui ont, depuis, prononcé de lourdes peines contre les journalistes, dont Ali Dilem et Farid Alilat du journal Liberté, condamnés chacun à une année de prison ferme. Les prochaines semaines vont assurément connaître d'autres procès contre la presse qui viendront allonger cette longue série, unique dans les annales judiciaires. De même, la réactivation de l'appareil judiciaire contre Mohamed Benchicou et les journalistes du Matin, un des titres phare de la presse nationale liquidé en bonne et due forme en juillet 2004, prouve, si besoin est, I'acharnement primaire contre un homme coupable d'exercer le métier de journaliste et de diriger une publication appréciée des lecteurs. Le subterfuge des “bons de caisse” n'opère plus. Aux yeux des opinions interne et internationale en tout cas, après que les ONG étrangères des droits de l'Homme, à la suite d'organisations algériennes, eurent clairement remis en question la thèse officielle selon laquelle Mohamed Benchicou est poursuivi pour “délit de droit commun”. À considérer le cas Benchicou, il est à craindre, cependant, que le pouvoir n'ait décidé de passer à la vitesse supérieure en ordonnant de jeter les journalistes en prison pour leurs écrits, au moment même où les ONG l'invitent à renoncer à la répression qu'il exerce contre les titres qui dérangent et à “empêcher les procédures parallèles et détournées destinées à mettre en cause des journalistes”, tel que le recommande la Fédération internationale des droits de l'Homme dans son rapport publié le 15 juin 2005.