Pour une stabilité du marché, l'Algérie a besoin de 5,5 millions à 6 millions de poulets de chair alors qu'elle n'en possède actuellement que 5 millions. D'où le dérèglement du marché et la flambée des prix. Depuis quelques jours, les prix du poulet ont connu une baisse significative qui intervient après plusieurs mois de flambée. Cette baisse est essentiellement due à la disponibilité, notamment du poulet de chair, ainsi qu'au comportement du consommateur qui, à cause de la baisse du pouvoir d'achat, boude les viandes blanches. En effet, la demande a aussi baissé. C'est ce qu'a indiqué à Liberté le secrétaire général du Conseil national interprofessionnel de la filière avicole (CNIFA), El-Hadi Tabhirt. En effet, notre interlocuteur a souligné que plusieurs facteurs ont influé sur la hausse des prix durant les mois passés. "Le coût de revient du kilo de poulet varie entre 260 et 280 DA chez les éleveurs. La vente en dessous de ce prix est une perte pour les éleveurs. C'est ce qui se passe ces derniers jours, où le prix du kilo a atteint 210 DA", affirme M. Tabhirt. Le professionnel justifie cette augmentation qui a duré plusieurs mois par la hausse des prix des aliments de la volaille. "Le prix du maïs est passé de 2 500 à 5 400 DA le quintal. Le prix du soja a, quant à lui, augmenté de 3 400 pour atteindre 8 500 DA le quintal. Ce qui entrainé une régression de la filière avicole et, du coup, la baisse des ventes qui sont passées de 2 quintaux à moins de 50 kg par jour et par vendeur", détaille notre interlocuteur, qui a souligné que l'activité relative à la vente d'aliments pour les poules a régressé de plus de 30%. Et de renchérir : "Pour une stabilité du marché, l'Algérie a besoin de 5,5 millions à 6 millions de poulets de chair. C'est ce qui assurerait une stabilité du prix du poulet tout au long de l'année." Il est à noter que, selon le secrétaire général du CNIFA, l'Algérie compte actuellement entre 4,5 millions à 5 millions de poulets de chair, ce qui est proche de nos besoins à condition que la filière ne soit pas touchée par les maladies. Il est à rappeler que les pertes enregistrées par les producteurs, la réforme anticipée des cheptels ainsi que l'enregistrement de maladies touchant durant cette période les poules a affecté le marché de volaille, d'où la hausse du prix des poussins et, du coup, une augmentation du prix des viandes blanches. Des facteurs qui, selon notre interlocuteur, ont contraint près de 100 000 éleveurs à baisser rideau. Il est à noter que certains d'entre eux ont carrément abandonné l'activité et d'autres ont repris timidement en fonction de leurs moyens financiers, tout en s'adaptant au principe de l'offre et de la demande du marché. Il est à souligner que les représentants des éleveurs apprécient les initiatives prises par les autorités compétentes pour faire baisser le prix d'abattage afin d'absorber un tant soit peu les pertes des éleveurs, ce qui permettra une disponibilité du produit et une baisse du prix. A noter aussi que la filière avicole algérienne a été impactée par l'atteinte de la filière en Espagne. L'Algérie, qui importe près de 80% de ses besoins d'Espagne, a, momentanément, interdit l'importation d'intrants avicoles, ce qui se répercute inéluctablement sur les prix. L'absence d'une culture sanitaire chez les éleveurs constitue aussi une crainte pour leurs représentants. "La propagation de maladies qui touchent les volailles entraine des pertes considérables chez les éleveurs et du coup sur la stabilité du marché", a indiqué notre interlocuteur qui a souligné que les prix des poussins ont baissé de 220 à 150 DA l'unité. Le secrétaire général du CNIFA, qui prédit une augmentation dans les dix prochains jours du prix du kilogramme de poulet, voit que ce dernier ne dépassera pas les 400 DA, et ce, dès la fin de la vente de la "repro chair". Il a, par ailleurs, indiqué que les prix connaitront une hausse durant la première semaine du mois de ramadhan puis une baisse progressive selon le comportement des consommateurs, ce qui pourra réguler le marché. Par ailleurs, pour ce qui est des œufs, notre interlocuteur a été très pragmatique, voire logique : "Le prix de l'œuf est, par rapport à d'autres pays, très bas. En effet, si le prix actuel est considéré comme élevé, c'est parce que le consommateur s'est habitué à des prix très bas qui ne reflètent pas la réalité du coût et des dépenses engagées par les producteurs. Le nombre de poules pondeuses en Algérie a atteint 700 000 "repro ponte" contre un besoin de 350 000 "repro ponte" afin de satisfaire les besoins du marché algérien. Actuellement, nous comptons 300 000 "repro ponte". "Cette baisse est due essentiellement à l'arrêt de plusieurs éleveurs et aux maladies qui ont touché les poules", précise notre interlocuteur, qui souligne que l'Algérie compte 50 000 éleveurs de poules pondeuses. Le coût de revient d'un plateau (30 œufs) est de 360 à 380 DA ; tout prix en deçà est une perte pour le producteur, d'où le prix de vente au consommateur de 450 dinars qui est, dit-t-il, "très juste". Il est à noter que selon les professionnels, le prix n'est pas désigné par l'éleveur, mais par les commerçants des deux plus grands marchés de gros d'œufs, à savoir le marché des Eucalyptus au Centre et le marché d'Oued Segane, à l'est du pays. Cependant il est attendu une baisse dans les prochains jours, à condition que les poules soient protégées des maladies.