La réforme fiscale sera, certainement, le dossier le plus urgent sur lequel Abderrahmane Raouya se penchera, au-delà de l'élaboration du projet de loi de finances complémentaire 2022. Le président Abdelmadjid Tebboune a opéré, avant-hier, un léger remaniement ministériel. Il a notamment nommé Abderrahmane Raouya ministre des Finances. Abderrahmane Raouya connaît très bien le secteur pour avoir déjà géré le département des Finances à deux reprises, de 2017 à 2019 et de janvier 2020 à juin de la même année. Il a, également, assumé les fonctions de directeur de la législation fiscale à la Direction générale des impôts puis directeur général des impôts. Le retour de Raouya aux Finances intervient après la décision du président de la République de geler, jusqu'à nouvel ordre, les taxes contenues dans la loi de finances 2022 sur certains produits alimentaires et la suppression de tous les impôts et taxes sur le e-commerce, les téléphones portables, les matériels informatiques à usage personnel et les start-up, en se contentant des tarifications réglementées. Certains contribuables exerçant des professions non commerciales, notamment les avocats et les notaires, contestent le nouveau régime fiscal qui leur est appliqué à la faveur de la loi de finances 2022. Pour certains experts, cette situation pour le moins "cocasse" aurait pu être évitée si le portefeuille de ministre des Finances était pourvu. Ils évoquent, également, l'urgence d'accélérer la réforme fiscale. "Depuis longtemps maintenant, toutes les analyses, y compris au sein des instances officielles, convergent sur la nécessité de transformer en profondeur un système fiscal inéquitable et inefficace", relève-t-on. Certes, des progrès ont été réalisés par l'administration des impôts, en matière d'organisation, avec la mise en place des structures nouvelles fondées sur le principe de l'interlocuteur fiscal unique, la simplification du système fiscal avec l'institution d'un impôt dédié aux petites activités... Cependant, ces réels progrès ne doivent pas occulter l'existence d'insuffisances persistantes. C'est le cas de la faiblesse du recouvrement fiscal. Il y a, aussi, la problématique de l'équité fiscale et du déséquilibre dans la répartition des charges fiscales, qui heurtent fondamentalement le principe de justice fiscale. La réforme fiscale sera, certainement, le dossier le plus urgent sur lequel Abderrahmane Raouya se penchera, au-delà de l'élaboration du projet de loi de finances complémentaire pour 2022. La réforme bancaire est l'autre urgence du nouveau ministre des Finances. Elle constitue la pierre angulaire de la réussite de toute réforme économique. Avec l'amélioration du climat de l'investissement, elle constitue la clé de voûte de toutes les réformes. Le gouverneur de la Banque d'Algérie avait laissé entendre, en décembre dernier, que les banques sont réticentes à distribuer des crédits : 1 500 milliards de dinars laissés sur les comptes de la Banque d'Algérie sont restés "oisifs", avait-il constaté.